D’ici à fin 2005, tous les revenus d’AMD doivent provenir de la vente de puces 64 bits. A l’occasion du Comdex qui se tenait cette semaine à Las Vegas, le mot d’ordre du fondeur, par la voix de Marty Seyer, un de ses vice-présidents, a été clair : « A partir du moment où les prix de l’Opteron et de l’Athlon 64 bits fléchiront, les clients auront moins de raisons d’acheter des processeurs 32 bits. » L’argumentation du seul fondeur véritablement concurrent d’Intel est solide, même s’il joue en quelque sorte son va-tout. AMD entend vendre des dizaines de millions de puces 64 bits en 2004, au point de ranger le 32 bits au rayon des antiquités. Le fondeur devrait d’ailleurs construire une usine en Allemagne pour aider à la montée en puissance. Cette stratégie 64 bits est déjà soutenue par IBM, Sun, HP et quelques autres, qui ont dévoilé des produits utilisant l’Opteron ou l’Athlon 64. Pour HP par exemple, l’adoption de l’Athlon permet de se démarquer de Dell, qui n’utilisera pas les puces 64 bits d’AMD.
Intel est évidemment la principale cible des factieux. Athlon et Opteron disposent en effet de deux avantages sur leurs concurrents Pentium 4 et Xeon : ils ont accès à un stock presque inépuisable de mémoire vive et sont compatibles avec les actuelles puces 32 bits. IBM pousse même le bouchon un peu plus loin que ses concurrents en proposant deux puces 64 bits sur ces marchés : le PowerPC 970 et l’Opteron64 ! Et les éditeurs commencent à y passer : le concepteur de jeux Epic Games a fait migrer ses outils de développement sur l’architecture 64 bits, ainsi que l’a confirmé Mark Rein, un responsable de la firme, à nos confrères de PCWorld. Même s’il pense que le mouvement de masse ne se produira pas avant 2007. Evidemment, les puces 64 bits ont peu d’intérêt sur les PC de bureau, à part dans les jeux. Mais elles s’imposent sur les serveurs et les stations de travail pour les calculs scientifiques, le traitement vidéo et quelques grosses applications professionnelles. Le problème n’est donc plus de savoir si le 64 bits va faire mouche, mais quand.
Apple en quête de migrants
Peut-être plus tôt que prévu ! Car sur cet échiquier, le rôle d’inducteur joué par Apple est encore minimisé, comme ce fut le cas avec le Wi-Fi dont la Pomme avait tracé la voie avec Airport dès 1999 et qui décolle maintenant en masse. En précurseur, la firme prête main forte à l’adoption massive de l’informatique 64 bits dans le grand public. L’enjeu de sa revitalisation est tel qu’une accélération de l’adoption du G5 et peut-être d’un futur G6 est prévisible (voir édition du 14 novembre 2003). Déjà, une rumeur colportée par Appleinsider voudrait que le successeur du PowerPC 970, le 980, soit introduit durant le troisième trimestre 2004. De quoi donner du ressort au haut de gamme de la firme déjà survitaminé. Apple semble vouloir d’abord susciter l’intérêt du grand public pour ses solutions avec l’iTunes Music Store aux Etats-Unis. Objectif : attirer les migrants vers sa plate-forme (voir édition du 20 novembre 2003). « Après l’impact de la commercialisation du nouveau PowerMac et le retentissement de la stratégie iTunes, l’utilisation du G5 par Apple pourrait faire considérer ses machines comme une bonne option de remplacement, surtout pour les utilisateurs les plus avides de performances », nous a confié un observateur du marché. Encore une fois, la niche tenue par Apple risque fort d’être le révélateur d’un mouvement de fond de l’industrie informatique.
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