Il aura fallu moins de deux ans pour s’en apercevoir après des années d’efforts, les technologies dites « personnelles » n’ont toujours pas été adoptées en masse par le grand public. Hormis le téléphone mobile, véritable phénomène de masse, les autres technologies du secteur de l’électronique grand public peinent à s’imposer. A la fin de l’année 2002, les PDA (Personal Digital Assistants), ou assistants numériques personnels, n’ont pas débordé de leur niche d’utilisateurs : les premiers adeptes. Généralement issus des milieux des hautes technologies, ces utilisateurs initiaux ont adopté ces calepins électroniques de poche. Reste qu’ils s’en plaignent, comme John Marshey, responsable technologique d’une société de capital-risque de la Silicon Valley. « J’ai trois versions de mon carnet d’adresses sur trois équipements électroniques différents », a-t-il indiqué à nos confrères de Red Herring. « Je veux un appareil qui se porte à la ceinture et qui se connecte sans fil à une oreillette. » Autrement dit, John Marshey recherche ce que les industriels appellent un hybride : un téléphone portable PDA, qui pourrait faire d’autres choses encore. Un de ces gadgets que seuls les technophiles les plus avertis achètent. Mais au-delà de leur cercle, cette technologie n’a pas conquis le public. Un panel de spécialistes, faisant récemment le point sur les freins à son adoption, en a déterminé trois.
Des PDA trop proches des ordinateurs
Premier frein, l’interface. Presque toutes les interfaces existantes sur le marché ont gardé une filiation directe avec les menus déroulants de l’interface graphique du premier Macintosh. Une « invention » du père de l’ordinateur d’Apple, Jef Raskin (voir édition du 23 janvier 2002). Celui-ci n’a jamais caché qu’aujourd’hui ce concept, avec ses 20 ans d’âge, était dépassé. « Ils en sont même devenus dangereux, dans les voitures, par exemple. » Deuxième frein à l’adoption de PDA : la prolifération de fonctionnalités. Les concepteurs encouragent les premiers adeptes en leur faisant miroiter une foule de fonctions dont ils n’auront pas l’usage. En s’adressant ainsi aux fanatiques de technologies et en dévoilant des appareils électroniques trop compliqués par essence, ils dressent eux-mêmes des barrières à une adoption plus large.
Troisième frein controversé, présenté par Stewart Alsop, le fondateur de Handspring, l’un des principaux fabricants de PDA : l’idée même de convergence numérique dans des technologies personnelles est faussée. Les consommateurs préfèrent que la technologie améliore les fonctions de base d’un appareil. Par exemple, les fonctions de carnet d’adresses trouvées dans un PDA ne sont utiles que dans un appareil que les consommateurs utiliseront principalement comme téléphone portable, tandis que l’ajout de fonction d’e-mail ne sera utile qu’à un groupe restreint d’utilisateurs. Pour le moment, seul le futur Hiptop de Danger semble devoir faire de la convergence sur une technologie personnelle une réalité. Mais pour le moment, la seule machine qui met en oeuvre l’idée de convergence numérique reste l’ordinateur, capable de faire fonctionner une multitude d’applications à lui tout seul.
L’ordinateur, principal outil de la convergence numérique
Bizarrement, il ne s’agit pas d’une idée neuve : Steve Jobs, le patron d’Apple, lors de MacWorld San Francisco 2001 (voir édition du 10 janvier 2001), avait énoncé une stratégie mise en oeuvre par Apple depuis le lancement en 1999 de sa première iApp, iMovie (voir édition du 7 octobre 1999). En substance : l’ordinateur reste l’outil principal de la convergence numérique. Tous les appareils électroniques peuvent passer par ce point nodal, valorisant ainsi l’un l’autre leurs fonctions. Avant même que ce concept soit énoncé, Jobs avait pointé du doigt les carences des périphériques numériques, en abandonnant l’activité PDA d’Apple en 1998, alors que la firme avait été la première à introduire un assistant personnel. Il avait même déclaré vouloir devenir le Sony de l’informatique (voir édition du 26 octobre 1998). Depuis, même si des rumeurs ont véhiculé l’idée qu’Apple allait relancer un produit faisant office de PDA, les déclarations des cadres de la firme les ont infirmées. Ainsi de Jobs, qui a indiqué qu’il voyait le marché des PDA et des téléphones cellulaires converger, mais qu’il ne pensait pas que les premiers pourraient tenir indéfiniment leur place sur le marché. Les observateurs de la Silicon Valley semblent donc lui donner raison et valident également la stratégie consistant à faire de l’ordinateur personnel la plate-forme du mode de vie numérique. De quoi alimenter encore la légende du gourou de l’informatique personnelle ?
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