Le jeu à l’assaut du Wap
Alors que la téléphonie Wap balbutie encore, les éditeurs de logiciels de loisir parient sans hésiter sur l’émergence de nouveaux jeux pour les mobiles reliés à Internet. En réseau, en solo ou à plusieurs, le joueur deviendra-t-il la poule aux oeufs d’or des opérateurs ?
Entre la Bourse et la messagerie, le jeu devrait occuper une place importante dans l’usage des prochaines générations de mobiles Wap. C’est du moins l’opinion qui circule au sein de plusieurs sociétés, à commencer par les opérateurs comme France Télécom (voir édition du 6 juin 2000). Résultat, des éditeurs de jeux n’ont pas hésité à mobiliser leurs troupes pour s’orienter vers le Wap.
Les investissements sont parfois très importants, à l’exemple de Ludiwap. Cette filiale de l’éditeur UbiSoft et du fabricant de périphériques Guillemot s’est dotée d’un fond de 60 millions de francs exclusivement tourné vers les jeux pour les mobiles et les PC de poche compatibles Wap. Une centaine de personnes environ en font partie, mais ce n’est qu’un début. « Nous allons doubler les effectifs d’ici la fin de l’année », explique Michel Guillemot, directeur de la filiale. « Le marché se développe très rapidement, et les opérateurs nous signalent tous que beaucoup de gens jouent avec leur mobile », relate le responsable.
Différents projets sont en cours. D’abord, le premier marché est celui des jeux directement intégrés, à l’usine, dans le mobile. Ce sont le plus souvent des jeux de réflexion, de hasard ou d’adresse. Reste que le domaine le plus intéressant pour l’amateur d’interactivité reste le monde des jeux en ligne. Le premier jeu, déjà opérationnel et en cours d’évolution, s’appelle « Valdo et les pirates » et met en scène, dans un premier épisode, un capitaine de vaisseau captif de pirates lors d’un périple vers le Japon. Votre mission est de le libérer. Le principe est semblable à la série des « livres dont vous êtes le héros ». Chaque choix d’action implique une séquence différente. Seulement, l’affichage se réduit à sa plus simple expression, avec une image fixe en monochrome téléchargée depuis le serveur dédié et des lignes de texte pour évoluer dans le jeu. L’affichage est un peu lent, et le coût de la communication, à plus d’un franc la minute en général, risque d’en refroidir quelques-uns.
D’autres pistes concernent les titres multi-joueurs dans un univers persistant. Un projet chez Ludiwap propose de jouer le rôle d’un chercheur d’or dans l’Amérique des années 1850. Où est l’interactivité ? « Si quelqu’un trouve un filon, le cours de l’or peut baisser et affecter ainsi tous les autres joueurs », suggère Michel Guillemot. L’arrivée massive de joueurs peut entraîner une pénurie de pelles, etc.
Du côté d’Infogrames, une dizaine de personnes planchent sur un projet du nom de Netlife. Des tests sont en cours pour faire évoluer plusieurs centaines de personnes au sein d’une communauté virtuelle où chacun participe à l’évolution de plusieurs villes. L’idée est de prolonger aussi l’utilisation du PC, de la télévision interactive ou de la console de jeu. « Même si l’on commence le jeu sur son PC, le portable peut prévenir le joueur qu’on attaque sa base. Le mobile lui propose alors une stratégie, pour passer en mode d’attaque ou de défense », explique une porte-parole de la filiale I-lights d’Infogrames spécialisée dans les jeux mobiles.
Enfin, la localisation permet d’imaginer de nouveaux scénarios. « On peut imaginer une chasse au trésor dans Paris où les joueurs se déplacent réellement », indique Michel Guillemot.
Pour l’instant, les limitations du mobile (débit, écran réduit) rendent le jeu Wap encore peu palpitant. Les chances de succès sont encore virtuelles. Mais alors que les mobiles Wap sont rares aujourd’hui, les professionnels considèrent que 25 millions de terminaux circuleront en Europe d’ici la fin de l’année ! Si bien qu’en marge du jeu sur console ou PC, les éditeurs sont confiants dans le succès de parties Wap de quelques minutes, en attendant son bus ou à la terrasse d’un café.
Pour en savoir plus :
* Ludiwap
* I-lights