Vous ne connaissez pas les Tuvalu ? Normal, il s’agit d’un tout petit archipel dans le Pacifique (voir ci-dessous). Avec une population de 10 000 habitants répartie sur 26 km2, le pays n’a pas grand chose pour faire parler de lui. Ou plutôt n’avait pas grand chose avant l’attribution de son nom de domaine régional : le « .tv » (voir édition du 20 octobre 1998). Depuis, le gouvernement a signé avec DotTV, une start-up californienne qui a bien compris l’intérêt d’enregistrer des noms de
domaines en « .tv », un accord sur l’utilisation exclusive du nom de domaine. En contrepartie, la société s’engage à verser au minimum 4 millions de dollars par an, pendant 10 ans. Un gros pactole, que l’archipel a commencé à employer pour financer son adhésion à l’ONU. Le pays a été admis au sein de l’organisation le 5 septembre 2000.
Verisign se positionne en leader de la vente de noms de domaine
Aujourd’hui, on apprend que DotTV a reçu 28 millions de dollars de différentes sociétés, parmi lesquelles figure Verisign, qui devient ainsi le troisième actionnaire de la start-up. Or Verisign a racheté en mars dernier Network Solutions pour quelque 20 milliards de dollars, et Network Solutions se trouvait en position quasi monopolistique sur le marché de la gestion des noms de domaine. Autant dire que Verisign est un très gros qui risque de perdre un peu de pouvoir lors de l’arrivée de nouveaux noms de domaine de premier niveau l’année prochaine (voir édition du 17 novembre 2000). Mais la société entend bien se rattraper sur le juteux « .tv ». Ce dernier est d’ailleurs disponible en français depuis quelques jours. En fait, DotTV vient de créer une version française de son site.
Toujours dans la bataille pour l’enregistrement de noms de domaine, nous nous trouvons à l’aube d’un énorme bouleversement avec l’arrivée des adresses Internet comprenant des caractères autres que ceux employés actuellement. Des caractères accentués ou des idéogrammes par exemple. Or Verisign, toujours très actif sur le créneau, s’est lancé dans les enregistrements et ceci bien que l’Icann (Internet corporation for assigned names and numbers) souhaitait que les registrars attendent la mise en place de véritables standards (voir édition du 9 novembre 2000). Les enregistrements ont ainsi débuté pour les adresses en chinois, « à titre expérimental », soulignait Verisign. Mais le gouvernement chinois, qui lui-même a organisé un système d’enregistrement, n’a pas tardé à réagir : « Aucune organisation ou individu n’est autorisé à gérer l’enregistrement des noms de domaine en chinois, à délivrer des services ou à servir d’intermédiaire », pouvait-on lire sur le site de l’organisme public d’enregistrement. Selon Reuter, à ce jour la Chine aurait enregistré 42 000 noms de domaine, sur 800 000 demandes au départ.
Un respect des standards impératif
Finalement l’exemple du « .tv » illustre bien la situation actuelle. Les noms de domaine géographiques ne reflètent parfois pas grand chose. La course à l’enregistrement fait monter les enchères, tandis que les « cybersquatteurs » sévissent. Alors que de nouveaux noms de domaine génériques arrivent l’année prochaine et que de nouveaux caractères composeront les adresses, le respect de standards est impératif, sous peine d’assister à un morcellement de l’Internet. En attendant, si vous le jugez nécessaire, vous pouvez toujours enregistrer votre adresse en « .nom.fr » (voir édition du 28 novembre 2000).
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