Le Mac profite à Microsoft
Hasard du calendrier ou orchestration parfaite ? Alors que Microsoft présentait sa stratégie inflexible face à l’open source et qu’Apple se faisait reprocher la sienne, le responsable de l’équipe de développement Mac à Redmond défendait son bilan, brillant.
Position politique ou mouvement d’enveloppement ? Chacun se pose encore aujourd’hui la question du retour de Microsoft au Mac en 1997. Sans doute un peu des deux, si l’on prend en compte les stratégies habituelles du géant de Redmond. La montée au front de Kevin Browne, Monsieur « seulement sur le Mac » de Microsoft (voir édition du 21 juillet 2000), dont les propos sont relayés par l’agence Reuters est toute empreinte de ce dilemme : l’effort de la firme sur ce marché répond-t-il à des raisons économiques, ou à des raisons politiques ? La mise au point de Browne est en tout cas subtile : en soulignant l’effort et le soutien de Microsoft sur ce marché, il tente de montrer à nouveau que la concurrence existe face à Windows et que l’éditeur est même prêt à l’alimenter ! Un coin supplémentaire dans la lutte contre l’open source ? Impossible à dire, mais les différentes interventions de responsables de Microsoft montrent une voie claire : l’open source c’est mal, le soutien d’Apple c’est bien !
L’implication de Microsoft sur le marché de la Pomme a changé du tout au tout au moment où la firme s’est vu mise en accusation de monopole sur les systèmes d’exploitation. D’un coup, elle investissait 150 millions de dollars dans Apple et montait une équipe de « codeurs » spécifiquement dédiée au Mac. Depuis, ces efforts sont couronnés de succès : les produits Microsoft se sont adjugés les meilleures places dans le palmarès des applications utilisées sur mac, que ce soit dans le domaine du courrier électronique, de l’exploration d’Internet ou de la suite bureautique Office. Aujourd’hui, la firme prépare le lancement d’un client d’Outlook pour Mac (voir édition du 18 janvier 2001) et surtout s’apprête à faire migrer sa suite vers Mac OS X à l’automne (voir édition du 11 janvier 2001). Elle prévoit également de pouvoir ouvrir les ressources de la stratégie .Net de Microsoft aux Mac.
C’est Mac OS contre Windows sur le campus de Microsoft
Un effort louable pour désenclaver la plate-forme d’Apple a donc été poursuivi et se perpétue. Le temps de la guéguerre est donc loin et les équipes semblent travailler en synergie. Le centre de profit Mac de Microsoft est considéré comme une entité à part sur le campus et aux dires de Kevin Browne, une presque concurrence interne a vu le jour entre les développeurs pour Mac et ceux pour Windows, sur le thème du meilleur logiciel fourni aux utilisateurs. Nombreux sont ceux qui considèrent aujourd’hui que les applications Microsoft pour le Mac ont une longueur d’avance sur leurs consoeurs pour Windows. Kevin Browne assure ainsi sans broncher que son unité est rentable. « Nous allons rester à ce niveau (d’activité) pour un moment. Il nous faut nous assurer que l’activité est profitable pour que Microsoft continue à investir ».