Le modèle locatif de Microsoft ne réjouit pas tout le monde
En annonçant un nouveau modèle de distribution de ses logiciels, basé sur la location plutôt que sur la vente définitive, l’éditeur de Redmond suscite un grand nombre de questions. S’agit-il d’un moyen de forcer la main du client pour qu’il mette à jour son parc plus fréquemment ?
Le nouveau mode de distribution logicielle de Microsoft, dont nous vous annoncions les grandes lignes dès le mois de décembre dernier (voir édition du 12 décembre 2000), a reçu le label « triste jour pour les entreprises » de la part des utilisateurs qui l’interprètent comme une façon pour le géant de Redmond de les forcer à mettre à jour leurs applications et leur système d’exploitation. A l’inverse, l’éditeur assure que ce nouveau modèle de licences va aider à y voir clair dans la « soupe alphabétique » des programmes de licences actuels, et que cela facilitera la tâche d’achat de logiciels pour le client.
Mais Microsoft a également admis qu’environ 20 % de ses utilisateurs pourraient subir une augmentation de leurs dépenses logicielles s’ils ne sélectionnaient pas l’option de souscription. L’alternative étant de continuer à acheter de manière traditionnelle et, donc, de devenir propriétaire du logiciel que l’on achète, au contraire du modèle locatif. Or, les usagers s’inquiètent que le modèle locatif ne profite qu’aux entreprises qui effectuent déjà des mises à jour régulières.
Pour Simon Moores, président de l’association des utilisateurs de produits Microsoft en Grande-Bretagne, bien que le modèle locatif puisse sembler attirant de prime abord, il peut entraîner une augmentation des coûts à long terme. « Et si je suis content du logiciel que j’utilise à un moment donné ? », se demande-t-il, tout en pressentant que le nouveau modèle n’était qu’un moyen pour Microsoft d’augmenter son chiffre d’affaires, alors même que ses nouveaux systèmes d’exploitation ne rencontrent pas le succès attendu.
Un pas en avant pour Microsoft.Net
A cela, Ducan Reid, chef de division chez Microsoft, répond qu’il ne s’agit que d’un moyen pour faciliter la tâche de mise à jour. « Il n’est pas question pour Microsoft de forcer les gens à mettre à jour leurs logiciels, et nous n’utiliserons pas ce modèle pour faire disparaître le modèle de cession perpétuelle de propriété », a-t-il notamment assuré. Et d’ajouter que ce changement n’affectait pas tant de personnes que ça en réalité : « 50 % de nos clients ne seront pas touchés par ce nouveau modèle, 30 % y verront une occasion de baisser leurs dépenses et 20 % subiront peut-être une augmentation ». Cette dernière tranche correspondant aux entreprises qui n’effectuent des mises à jour qu’après 3 ans d’utilisation ou plus. « Nous ne forçons pas nos clients à utiliser ce modèle locatif », a-t-il insisté. « Mais il s’agit d’un pas nécessaire pour vendre les logiciels comme un service ». Ce nouveau modèle est la première véritable preuve de l’existence de la stratégie Microsoft.Net, dans laquelle, effectivement, le logiciel sera loué, pourquoi pas au coup par coup, plutôt qu’acheté une fois pour toutes.