Le nouveau Mc Solaar déjà sur les réseaux d’échanges
Pas encore dans les bacs mais déjà en ligne, le nouvel album de Mc Solaar n’échappe pas au phénomène du piratage. Pourtant, la production avait pris toutes les précautions pour éviter le pire…
Raté. Le nouvel album de Mc Solaar, Mach 6, est déjà disponible sur les réseaux d’échange de fichiers peer-to-peer. L’expérience pilote visant à protéger le disque des fuites internes, responsables du piratage en amont, est donc un échec. Ce que reconnaît Eric Daugan, directeur des nouveaux médias chez Warner Music France : « C’est un semi-échec car l’album se retrouve effectivement sur la Toile mais seulement quelques jours avant sa sortie dans les bacs. » Selon le site spécialisé dans la sécurité K-Otik, l’album circule sur les réseaux d’échanges depuis le 30 octobre 2003, après avoir été échangé sur les réseaux privés (IRC, FTP, etc.). Un constat que met en doute Eric Daugan. « C’est peut-être une version analogique de La Vie est belle capturée de la radio avant d’être compressée en MP3 qui a été mise en ligne, mais pas l’album entier. Je vous assure que j’ai pris soin de vérifier avant la conférence de presse [pour le lancement du CD-Rom promotionnel, voir édition du 24 novembre 2003, Ndlr] et je n’avais rien repéré. » Une fuite en amont ?
Quoi qu’il en soit, l’album se retrouve en ligne sous la forme d’un fichier compressé de quelque 77 Mo, comprenant tous les morceaux au format MP3. Eric Daugan minimise cependant l’impact du délit. D’abord parce que la propagation du fichier pirate est encore limitée par la difficulté à le trouver et à le télécharger. De plus, « on ignore encore s’il s’agit de la version finale », précise Eric Daugan, qui avoue ne pas encore avoir réussi à télécharger le fichier incriminé. Enfin, Warner Music France ne désespère pas de retrouver la source du piratage même si « les fuites sont potentiellement tellement nombreuses qu’il est difficile d’en connaître l’origine ». Il est en effet quasiment certain que celle-ci vient d’un master (une version finale) non sécurisé. « Quelques-uns ont circulé », avoue Eric Daugan. Nombre de titres ont été estampillés d’un watermark, c’est-à-dire signés numériquement et de façon invisible pour l’utilisateur. En vérifiant le marquage, la maison de disques identifiera immédiatement le master impliqué. En revanche, face à une copie non marquée ou nettoyée de la signature, la source sera très difficile à identifier.
« Cela doit nous servir de leçon », estime le directeur, « la solution contre le piratage interne est notamment de limiter la création à un seul et unique master. » Pour l’heure, si Warner Music n’envisage pas de poursuites, Eric Daugan n’en blâme pas moins l’auteur du forfait. « Plus que les internautes qui téléchargent, c’est la source qui est fautive. Si nous en repérons l’origine par l’adresse IP, nous nous contenterons d’envoyer un e-mail de rappel. » Pour le moment, la major préfère jouer, en France, la carte de l’éducation. Mais la politique de répression, mise en pratique aux Etats-Unis, n’est pas à exclure dans un avenir plus ou moins proche. Une stratégie qui dépendra en partie de la future loi sur les droits numériques (voir édition du 13 novembre 2003).