Le phénomène Notetonentreprise.fr vu d’en France, aux Etats-Unis et au Canada
Ce site Internet français propose d’évaluer son employeur en 12 critères. Il ne comporte pas de données nominatives mais les avis sont partagés.
Le second point (la responsabilité du contenu) est plus discuté. « Si les créateurs du site disent qu’ils « modèrent » le contenu, ils reconnaissent qu’ils ont la possibilité de contrôler le contenu », remarque Christiane Féral-Schuhl , avocat à la Cour, spécialiste des nouvelles technologies, du cabinet Feral-Schuhl / Sainte-Marie.
« Ce n’est pas nous qui modérons : ce sont les utilisateurs qui peuvent nous signaler comme inapproprié tel ou tel contenu, réplique le co-auteur de Notetonentreprise. Ceci dit, il est vrai que nous ne savons pas comment cela pourrait se passer devant un tribunal… »
« Une entreprise mal notée pourrait sans doute exiger de connaître les critères d’appréciations proposés par le site qui ne m’apparaissent pas clairement définis et donc pas objectifs. Il peut en résulter un préjudice pour l’entreprise qui pourrait alors saisir le juge pour demander la fermeture d’un tel site « , prévient Maître Féral-Schuhl.
Des expériences outre-Atlantique
Le risque semble cependant minime si l’on en croit l’expérience de deux sites similaires, un américain et un canadien. « En huit ans d’existence, je n’ai jamais eu de problème avec une entreprise », raconte Craig Spitzkoff, un ingénieur logiciel, qui est l’origine de Jobvent.com, où 5000 entreprises sont évaluées. Cela lui ferait trop de mauvaise publicité… « Il est vrai qu’avec 35 000 pages vues par jour, selon son créateur, Jobvent est assez populaire outre-Atlantique.
« Tant que l’on ne nous a pas signalé un problème, nous ne sommes pas responsables du contenu de notre site », estime, de son côté, Manuel Francisci, initiateur de RateMyEmployer.ca, un site canadien, créé par un groupe spécialisé dans les ressources humaines, Les Carrières JobWings. Lancé officiellement en janvier dernier, RateMyEmployer comporterait 4 000 évaluations sur 1 200 employeurs.
Reste, au-delà des aspects légaux, à savoir si l’on ne touche pas là aux limites du web 2.0 : peut-on laisser les internautes tout évaluer par eux-mêmes ? Sans doute s’agit-il, plus largement, d’un problème de société.
Notre époque demande en effet de plus en plus de résultats quantifiables, répondant à des critères purement formels et donc simplistes… Et cela dans tous les domaines : police, recherche universitaire, voire action des ministres ou… ressources humaines. Or, quiconque, est salarié d’une entreprise, sait que l’ambiance au travail est très subjective, car dépendant du moment, du chef, de l’environnement économique et, un peu, de soi !