Les mots doux volent-ils entre Schaumburg et Cupertino, sièges respectifs de Motorola et d’Apple ? C’est en tout cas ce que la rumeur colporte ! Il faut dire que Motorola poursuit depuis presque trois ans un plan de sauvetage de son activité (voir édition du 27 août 2001). Engagé simultanément sur plusieurs marchés, le fondeur d’une bonne partie des déclinaisons du PowerPC entend encore tailler dans sa masse salariale cette année. Près de 1 000 postes seraient ainsi sur la sellette. Difficile toutefois de savoir quelles seront les activités les plus touchées. Mais Motorola se concentre désormais beaucoup plus sur son activité de téléphonie que sur la fabrication de semi-conducteurs. La firme aux ailes d’argent, surnommée ainsi en raison de son logo, devait construire une usine de fabrication de puces pour un coût de 3 milliards de dollars à Richmond, en Virginie. Elle s’est retirée de ce dossier à l’automne dernier. Une décision qui signifiait la fin de la relance des semi-conducteurs, initiée depuis août 2001. Du coup, Apple accumulerait les griefs à l’égard de Motorola : le fondeur serait accusé d’avoir aggravé la crise traversée par la Pomme en ne fournissant pas de puces dépassant 500 MHz et en s’étant séparée de la moitié des ingénieurs affectés au G4 (voir édition du 5 juillet 2001).
En outre, Motorola n’aurait pas autorisé IBM à produire des G4 plus rapides que ses propres puces, ni ouvert l’accès à IBM à sa technologie AltiVec et enfin, plus récemment, aurait été incapable de fournir le processeur PowerPC 7457 destiné aux derniers Power Mac G4. La machine en question tourne donc sur une version modifiée du PowerPC 7455. Le site MacBidouille, qui rapporte ces propos, signale également les témoignages d’utilisateurs qui ont démonté leur Power Mac pour s’apercevoir que les puces qualifiées comme tournant à 1,42 GHz s’avèrent des processeurs estampillés 1 300 MHz et poussés à 1 420 MHz ! Un procédé que connaissent bien les bidouilleurs de Mac mais que la firme de Cupertino déconseillait vivement jusqu’à présent, sous peine de voir la garantie de la machine annulée. Apple reprocherait entre autres à Motorola de n’avoir pas respecté le préavis contractuel d’un an sur les productions stratégiques – pour Apple – de G4 et de G5. Or Motorola aurait cessé le développement du G5 en 2001 et n’en aurait averti Apple que bien plus tard, alors même que cette dernière avait déjà investi 50 millions de dollars en recherche et développement (voir édition du 30 janvier 2002). Le constructeur de Mac lui reproche aussi de n’avoir pas été en mesure d’augmenter les fréquences des processeurs pendant de très longs mois. Une action en justice pourrait être entamée par Apple qui aurait au passage signifié à Motorola qu’elle n’était pas intéressée par son futur G4, le 7457RM, une version de la puce qui devait utiliser l’interface RapidIO et apparaître courant 2004.
Motorola contre-attaque
Bien que le débat n’ait pas lieu sur la place publique, la réponse du berger à la bergère ne se serait pas fait attendre : arrêt du développement du PowerPC 7457RM et mise au point d’un argumentaire destiné à contrer les griefs d’Apple. La Pomme serait accusée d’avoir torpillé l’activité de clonage de Motorola en ne fournissant plus de licences pour son logiciel d’exploitation, d’exiger des réductions de prix trop importantes en cas de retard de livraison des processeurs et des objectifs irréalistes sur les délais de livraison. A l’origine de ces arguties, on retrouve deux décisions majeures prise à la moitié des années 1990 par Motorola et Apple. La première, initiée par Motorola, a consisté à doper le processeur PowerPC de l’unité AltiVec, un moteur de calcul vectoriel destiné aux applications multimédias. Un choix rejeté par IBM qui n’en avait pas besoin sur ses serveurs à un moment où ces applications n’en étaient qu’à leurs balbutiements. Apple a alors décidé de suivre Motorola afin d’optimiser ses machines pour les traitements vectoriels. Mais à l’été 1997, la Pomme décidait unilatéralement de mettre fin à l’expérience de clonage des Mac initiée en 1994, et avec elle à la plate-forme ouverte dite CHRP destinée à sortir le Mac de son architecture propriétaire. Un coup de poignard dans le dos de Motorola et IBM qui s’étaient tous les deux lancés dans l’aventure CHRP. Mais c’est Motorola qui a sans doute eu le plus de mal à s’en remettre : ses ordinateurs StarMax Pro 6000 étaient prêts à la commercialisation juste au moment où Apple a gelé les licences de son système d’exploitation. Aujourd’hui, la Pomme pourrait se tourner vers IBM pour ce qui concerne ses prochains processeurs. Depuis des mois, les rumeurs de rapprochement n’ont cessé d’enfler (voir édition du 23 octobre 2001). Et le PowerPC 970 serait le candidat au remplacement du G4. Mais Big Blue a lui aussi fait les frais de l’avortement du projet CHRP. Le second partenaire d’Apple pourrait-il s’avérer, à la longue, aussi peu fiable que le premier ?
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