Depuis le début de l’année, France Télécom a entamé des discussions afin de renégocier, à la hausse, le taux de compensation des appels en provenance de l’étranger vers les téléphones mobiles des trois réseaux français. Résultat, certaines routes internationales ? notamment, celle passant par la Grande-Bretagne ? empruntées par les opérateurs alternatifs pour proposer des services d’appels fixes vers mobiles à bas prix deviennent impraticables. Ces opérateurs ne pourront plus continuer à proposer la minute entre 1,20 F HT ou 1,50 F HT comme ils l’ont fait jusque-là, fortes campagnes publicitaires à l’appui.
D’ici peu, les prix de ces services risquent de repartir à la hausse, comme c’est le cas par exemple pour Siris. Ce dernier a porté le prix de la minute « fixe-mobile » de 1,17 F HT à 1,35 F HT (prix soumis à certaines conditions) en début d’année. Malgré les velléités de France Télécom à vouloir barrer le chemin aux opérateurs alternatifs, certains tentent de trouver des itinéraires de délestage : « Nous avons trouvé d’au- tres routes, notamment en passant par l’Allemagne ou la Belgique. »
Ce qui est sûr, pour le moment, c’est que la plupart des nouveaux opérateurs continuent de proposer les mêmes tarifs mais sans pouvoir garantir le service, les nouvelles routes pouvant d’un jour à l’autre connaître le sort du reroutage via l’Angleterre.
En fait, France Télécom ne se contente pas de freiner ce type de reroutage. À la fermeture des routes internationales vient s’ajouter le blocage de la capacité d’accueil des communications. Alors que le trafic rerouté n’a cessé d’augmenter ces derniers mois, France Télécom n’a pas mis en oeuvre la capacité nécessaire pour traiter ces appels. Les opérateurs alternatifs qui ont effectivement trouvé de nouvelles routes ne sont donc jamais sûrs de faire aboutir les appels passés. « En janvier dernier, sur une semaine, le taux d’échec a atteint 75 % », reconnaît Xavier Brugère, directeur marketing de RSL Com. Le chiffre tient compte également de la saturation des réseaux de téléphonie mobile en France.
Malgré les difficultés croissantes, la plupart des opérateurs alternatifs affichent une sérénité de façade, affirmant que ces appels ne représentent qu’un faible pourcentage de leur chiffre d’affaires. Un consensus que réfute Brigitte Deliry, directrice du marketing d’Esprit Telecom, qui n’hésite pas à tirer le signal d’alarme : « On se servait de ce service comme d’un produit d’appel. Cela représente une part non négligeable de notre business et nous allons être obligés d’augmenter nos tarifs. » L’opérateur prépare l’envoi d’un mailing à ses clients pour leur signifier que l’appel fixe vers mobile passera de 1,28 F HT à plus de 2 F HT. De quoi faire bien des mécontents ! Tous les opérateurs ? y compris ceux qui affichent une sérénité de circonstance pour ne pas affoler leurs abonnés ? estiment que c’est un sujet important qui doit être traité en urgence par l’ART.
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