Les trépignements des utilisateurs n’y feront rien : Apple ne sort ses produits que quand ils sont prêts ! Ainsi le Xserve G5, annoncé pour février, n’est toujours pas livré à ses clients (voir édition du 10 mars 2004). Et quand les produits de la Pomme ne sont pas en retard sur le délai fixé par Apple elle-même, ils ne sont pas livrés en volumes suffisants pour rencontrer la demande. L’iPod mini (voir édition du 20 février 2004) est ainsi en quasi-rupture de stocks aux Etats-Unis, même dans les Apple Store. L’Europe aura donc bien du mal à être servie dans les temps. Ces pratiques sont fréquentes, surtout depuis le lancement raté du G4, à l’été 1999 (voir le dossier de SVM Mac). Steve Jobs avait alors impatiemment annoncé des machines fonctionnant jusqu’à 500 MHz, mais sa firme n’avait pu livrer aucun PowerMac dépassant les 450 MHz. Mais dans ce jeu de lancement de nouveaux produits, la pression exercée par le P-DG de la Pomme joue contre sa firme : Apple perd souvent des ventes en ne disposant pas de stocks suffisants, au moment même où la couverture médiatique est la plus importante.
L’un des moyens à disposition d’Apple pour s’assurer d’une introduction en souplesse de ses nouveaux produits serait de ralentir leur rythme. La firme en a actuellement les moyens, en raison du sur-place de la concurrence en termes d’augmentation de la fréquence des processeurs. A tel point que certaines entreprises se posent des questions quant à la viabilité des développements de puces Intel. Ainsi de la réaction d’un utilisateur de cluster X86, qui nous a affirmé être dans le flou le plus complet quant aux futurs développements de l’architecture du premier fondeur mondial. « Nous avons eu l’occasion de faire traiter nos algorithmes particulièrement exigeant en termes de puissance sur un PowerMac G5. Cette machine qui tourne à 2 GHz est au niveau des PC à 3 GHz. Lorsqu’elle sera mise à jour, sans doute à des fréquences de 2,5 ou 3 GHz, ainsi que le promet Apple, les processeurs PC de même niveau de puissance n’existeront pas. Il faudrait qu’ils tournent autour à 4,5 ou 5 GHz. Or Apple doit disposer de machines de la classe des 3 GHz cet été », nous a ainsi affirmé un spécialiste du calcul intensif.
Quantité ou qualité ?
Du coup, deux options s’offrent à Apple : utiliser cet avantage pour creuser l’écart avec ses concurrents en lançant rapidement des machines de plus en plus rapides, à l’instar de la stratégie prônée par Intel dans les années 90, ou prendre le temps de soigner ses lancements pour consolider ses ventes et augmenter sa part de marché. La Pomme a tout à améliorer : le calcul de ses volumes potentiels de ventes, l’amélioration de la qualité de ses produits ou encore la consolidation d’un stock prêt à la commercialisation. Le dilemme est finalement simple : à l’heure où elle doit disposer d’un avantage en termes de fréquence, Apple va-t-elle faire le choix de fournir des produits de qualité en nombre ? Ou courir derrière des volumes de vente et dégrader justement son image de qualité ? Le différentiel de puissance des processeurs lui laisse le temps de faire ce choix stratégique. Mais jusqu’à quand ?
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