Il y a un peu plus de deux ans, à l’époque où l’engouement pour la nouvelle économie battait son plein, bon nombre de directeurs informatiques ont été plus ou moins malmenés tant par leur direction générale que par les directions fonctionnelles. Bluffées par les perspectives de l’e-business, celles-ci ont été tentées de s’affranchir de l’expertise de DSI jugés trop lents ou trop timorés, pour mener à bien des projets de ce type. Des projets qui ont connu des fortunes diverses… Mais le plus souvent, il faut bien reconnaître qu’ils n’ont pas apporté les bénéfices escomptés, les aspects techniques ou encore les problèmes d’intégration dans l’existant informatique ayant été sous-estimés. D’où le retour en force des DSI. Où en sont-ils aujourd’hui, alors que l’onde de choc de la nouvelle économie s’est considérablement atténuée ? C’est pour répondre à cette question que la société de conseil Kearney Interactive et l’éditeur SAP ont conjointement créé l’observatoire de la communauté des directeurs des systèmes d’information, lequel consiste en une enquête réalisée entre mai et juin 2003 auprès de 200 DSI français, de PME ou de grands comptes appartenant aux divers secteurs d’activité.
IT does matter
Les résultats de l’enquête confirment le retour en grâce des DSI. C’est du moins leur conviction : 49 % des personnes interrogées estiment ainsi que, par rapport à la fin des années 90, leur influence sur les orientations technologiques de leur entreprise a considérablement augmenté. Autre interrogation : selon eux, l’informatique revêt-elle une importance stratégique ou ne procède-t-elle que d’une simple logique d’automatisation de tâches ou de processus générant peu de valeur ajoutée (paye, comptabilité…) ? La question est d’importance à l’heure où, reflux de la nouvelle économie aidant, laquelle place les technologies de l’information au coeur de la stratégie de l’entreprise, certains analystes, notamment américains, ont dénié à l’informatique sa capacité à dégager un avantage concurrentiel (voir édition du 16 mai 2003). Manifestement ce débat n’est pas d’actualité en France, les DSI français interrogés considérant à 82 % que les investissement informatiques contribuent à la stratégie de leur entreprise. Mais il n’en demeure pas moins vrai que la tendance des budgets informatiques des entreprises françaises dans l’actuel contexte de faiblesse de l’économie est plutôt au statu quo qu’à l’inflation. Aussi une des préoccupations des DSI est-elle d’oeuvrer à la réduction du budget alloué à la maintenance d’exploitation ? ce que d’aucuns appellent faire tourner l’usine informatique afin qu’elle produise de façon optimale fiches de paye et autres factures – dans le but de dégager des ressources pour intégrer de nouvelles applications ou ajouter des fonctionnalités à l’existant. Ce qui les amène de plus en plus à recourir à l’externalisation. Au final, il ne reste que 35 % du budget, voire le quart dans certains secteurs, pour aligner l’informatique sur la stratégie de l’entreprise.
Le PGI socle du système d’information
Quelles technologies sont alors privilégiées ? Le PGI s’affirme comme le socle du système d’information. Cette classe d’applications est identifiée comme la plus susceptible d’avoir un impact fort sur la compétitivité de l’entreprise. Ce qui fait paraître bien dérisoires les discussions qui ont animé les colonnes des journaux informatiques autour de l’année 2000 à propos de la nécessaire refonte du système d’information autour d’une plate-forme de gestion des flux de type EAI afin de saisir les opportunités de l’e-business, certains cabinets d’études prédisant même la mort des PGI… Sont ensuite cités le CRM, les e-technologies comme l’e-commerce et l’e-procurement, et la business intelligence. Le SCM (supply chain management) ou le PLM (product lifecycle management), qui il est vrai ne concernent pas tous les secteurs d’activité, sont en revanche beaucoup moins fréquemment cités. En résumé, la « crise » e-business aura donc été salutaire aux DSI qui ont été contraints de se remettre en cause. Ceux qui ont relevé le défi se sont repositionnés au coeur de la décision stratégique.
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