Si les mesures d’aides annoncées par le Premier ministre le 19 avril 2003 satisfont globalement les professionnels de l’industrie du jeu vidéo en France (voir édition du 23 avril 2003), elles n’arrangent pas les affaires des créateurs de contenu multimédia, en ligne ou sur CD-Rom. En effet, l’une des mesures concerne l’attribution au secteur du jeu vidéo de 4 millions d’euros issus du FAEM (Fonds d’Aide à l’Edition Multimédia), organisme doté d’un budget global de 6 millions d’euros pour 2003. Or, ce budget était jusqu’alors dédié aux créateurs de contenus multimédias, CD-Rom culturels ou jeux en ligne (généralement au format Flash). Bref, il semble que dans sa grande générosité, le gouvernement ait déshabillé Paul pour habiller Pierre, c’est pourquoi l’association les WebProducteurs tire la sonnette d’alarme.
« Nous n’avons rien contre le secteur du jeu vidéo dont sont d’ailleurs issus certains de nos membres », commente Serge Ewenczyk, président des WebProducteurs et dirigeant de Millimages Online, « mais ces aides se font au détriment d’un fonds dont 70 % va être consacré à un secteur qui n’y avait jusqu’alors pas accès. Nous aurions préféré que l’argent attribué au jeu vidéo vienne en complément du FAEM. » D’autant qu’une centaine de dossiers a été déposée depuis le début de l’année auprès du département multimédia du CNC, selon Serge Ewenczyk. Du côté du CNC, on explique la décision par la nécessité d’aider en urgence un secteur en crise dans une période de vaches maigres en termes budgétaires. « Il fallait trouver des fonds à un secteur qui n’en bénéficiait pas », justifie un porte-parole. Rappelons que le financement du FAEM, géré par le CNC, est partagé entre le ministère de la Culture et celui de l’Industrie. Un mélange des genres qui pourrait laisser penser que, entre deux secteurs en crise de la création numérique, le gouvernement a tranché.
Avance sur recettes
Les WebProducteurs remarquent également que les acteurs de l’industrie du jeu vidéo seraient tenus de rembourser les aides seulement en cas de succès, sur le principe de l’avance sur recettes, alors que les aides au FAEM sont remboursables dans tous les cas. « C’est une sorte de prêt à taux zéro dont le remboursement est fixé d’avance selon un calendrier précis, quel que soit le résultat commercial », explique le directeur de Millimages Online, « si bien que ces aides sont finalement des dettes pour les entreprises. » Les WebProducteurs demandent donc à leur tour à bénéficier de ce principe d’avance sur recettes.
Avec la nouvelle répartition budgétaire, le porte-parole des WebProducteurs craint tout simplement des risques de faillites des studios de création. « Nous aurons moins de soutien pour la réalisation de prototypes et donc moins de cofinancements pour les productions. » Pour le moment, les WebProducteurs espèrent faire entendre leur mécontentement au gouvernement. Peut-être devraient-il s’allier à l’Apom, l’association des industries du jeu vidéo, qui a visiblement su trouver les bons arguments pour sensibiliser le gouvernement.
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