Vous ne regarderez plus vos interrupteurs ou vos prises de courant de la même manière.
Devenus « intelligents », ils feront bientôt passer non seulement de l’électricité mais aussi un tas de données pour améliorer notre confort et notre sécurité, tout en réduisant nos factures d’énergie.
C’est le credo de Legrand, une société française du CAC 40 devenue une référence mondiale des installations électriques. Fondé en 1860, le groupe de Limoges entend accélérer sur le numérique. D’ici 2020, elle veut rendre 40 de ses 81 familles de produits connectables. Soit le double d’aujourd’hui.
« Legrand réalise 30 % de son chiffres d’affaires dans les activités nouvelles que sont la domotique, l’infrastructure numérique ou l’assistance à l’autonomie contre 10 % il y a dix ans », se réjouit son P-DG Gilles Schnepp.
Ce mercredi 8 juillet, Legrand a présenté la première série d’objets connectés qu’il va commercialiser entre le second semestre 2015 et le premier semestre 2016.
Le programme s’intitule Eliot, mot-valise reprenant les premières lettres d’« Electricité » et IOT pour Internet of things.
« C’est aussi un prénom qui nous rapproche de nos consommateurs », fait valoir Gilles Schnepp.
Internet des objets : du foyer aux bâtiments
Dans ce foisonnement d’objets connectés, on trouve des produits pour les particuliers et d’autres réservés aux professionnels du bâtiment.
Les très médiatisées wearables technologies – montres, bracelets connectés… – ne doivent pas faire oublier que 60 % du marché de l’internet des objets est BtoB.
Il se présente comme une boîtier qui se branche sur la prise électrique de l’appareil.
Depuis sa tablette, le gestionnaire suit la consommation électrique et les émissions de CO2 associés qu’il peut comparer avec des installations similaires. Il lui est alors possible de définir des scenarii d’utilisation, comme des coupures la nuit et le week-end.
Le fabricant rend aussi connectés les blocs d’éclairage de sécurité (ces blocs indiquent par exemple les sorties de secours). Les services généraux reçoivent une notification sur leur tablette ou leur smartphone quand il faut intervenir sur ces blocs sans devoir faire une ronde régulière pour surveiller ce type d’équipement.
Pour assurer la continuité électrique 24/7 dans les bâtiments critiques de type hôpital ou datacenter, Legrand a aussi connecté sa gamme d’onduleurs et, pour les serveurs informatiques, de PDU (power ditribution units) permettant de monitorer les installations , de remettre ou de couper à distance l’alimentation, etc. Pour cette partie PDU, le groupe s’appuie sur la technologie de l’américain Raritan, racheté mi-juin.
Pour les habitations, Legrand propose avec My Home Play un va-et-vient sans fil [vidéo]. Soit un interrupteur intelligent relié par liaison radio à un éclairage ou aux volets roulants.
Le particulier pilote ses appareils depuis son terminal mobile et peut programmer des horaires d’utilisation. Absent de chez lui, il peut simuler une présence à distance.
Plus discret, le carillon connecté prend une photo du quidam qui se présente chez vous et l’envoie automatiquement sur votre terminal mobile.
Le tableau électrique de la maison est aussi connecté. En cas de coupe-circuit, le propriétaire est averti et – si l’interruption de courant est anodine – peut réenclencher le circuit à distance.
Au service du maintien à domicile, Legrand veut étendre le champ d’application des terminaux qui relient les personnes vulnérables aux services de téléassistance en le dotant de capteurs pour détecter des chutes, une fuite de gaz, un départ de feu ou – en période de canicule – mesurer la température de la pièce à vivre. Il peut aussi analyser l’activité de la personne en positionnant, par exemple, un capteur sur le réfrigérateur.
Pour faire connaître toutes ces nouveautés, le fabricant ouvrira 8 « project stores » dans les plus grandes métropoles de France, à commencer par Paris.
La bataille de la maison connectée
Sur le créneau du « smart home », Legrand va avoir de la concurrence entre les ambitions marquées des opérateurs télécoms (Orange, Bouygues Telecom), les spécialistes de la domotique (Delta Dore), des professionnels de l’automatisation (Somfy), des fournisseurs d’énergie (Engie) et même des assureurs (Allianz, Axa).
Précurseur de l’open innovation avec la création il y a 7 ans de My Open Community, une plateforme de partage pour développer des services autour de sa solution My Home, Legrand a rejoint une quinzaine d’alliances dédiées aux objets connectés et aux communications sans fil comme Confluens en France, All Seen Alliance et la Zigbee Alliance à l’international.
Dans le cadre d’Eliot, le groupe entend intensifier ses partenariats avec des startups dans le domaine notamment des capteurs (thermiques, de présence ou de qualité de l’air).
Pas de fonds d’investissement dédié ou de programme de mentoring comme Engie ou Butagaz, Legrand se rapproche des jeunes pousses en fonction de ses besoins via les pôles de compétitivité ou les labos de R&D. Avec un accompagnement personnalisé voire une prise de participation. Le groupe prévoit aussi des acquisitions.
Sur le terrain de la confidentialité des données, Legrand assure n’avoir aucune velléité intrusive. « Nous sommes là pour apporter des services d’infrastructure, pas pour dealer des données », affirme Benoît Coquart, Directeur de la stratégie et du développement.
Qui dit connecté dit aussi risques de piratage, Legrand, certifié ISO 27001, affirme avoir mené des tests d’intrusion sur sa solution My Home Play et de s’entourer de compétences autour de la cybersécurité. Les données sont par, ailleurs, cryptées (SSL) que ce soit sur réseau IP ou ZigBee.
Consultez notre dossier CAC 40 et Open innovation : sommaire et tableau (juillet 2015)
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