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Les arguments de SCO se retournent contre lui

La présentation par SCO de quelques lignes de code d’Unix System V, faite ce week-end à l’occasion du SCO Forum (voir édition du 20 août 2003) pour démontrer le bien-fondé de ses accusations à l’encontre d’IBM et du système Linux, risque finalement de se retourner contre l’éditeur. Les portions de code présentées, portant sur différents modules du code Unix et susceptibles d’avoir été illégalement intégrés à Linux, seraient sous licence libre BSD. C’est en tout cas ce que déclare la communauté Linux et, en particulier, Bruce Perens. Ce développeur indépendant et animateur actif de la communauté du libre s’appuie sur la présentation faite par SCO, dont des extraits ont été mis en ligne par le magazine allemand Heise. « Je suis facilement en mesure de déterminer que, des deux exemples présentés, l’un n’est pas du tout la propriété de SCO et l’autre est utilisé dans Linux à travers une licence en règle », écrit-il sur son site. « Si c’est ce que SCO a de mieux à offrir, il va perdre. » Sous-entendu : son procès intenté en mars 2003 contre IBM auquel il réclame aujourd’hui 3 milliards de dollars (voir édition du 7 mars 2003).

Un code sous licence BSD

Le premier exemple de code litigieux présenté porte sur le Berkeley Packet Filter (BPF) qui a été développé au Lawrence Berkeley Laboratory à partir de fonds gouvernementaux. BPF a été implémenté la première fois dans la version 4.3 du système BSD (Berkeley System Distribution) développé par l’Université de Berkeley. BPF est donc sous licence BSD qui, schématiquement, autorise la libre utilisation du code à partir du moment où l’on indique sa provenance. Bruce Perens déclare que SCO a simplement implémenté ce code dans son Unix System V et ne peut, au titre de la licence BSD, réclamer des droits dessus. D’autant moins que le BPF présent dans Linux a été réécrit par les développeurs Open source sur la base de la documentation fournie par le laboratoire de Berkeley. « La version utilisée dans Linux est entièrement originale. SCO n’a aucune base légale de poursuite sur ce code », estime Bruce Perens.

L’autre partie de code présentée par SCO concerne les fonctions d’allocation mémoire de System V. Bruce Perens s’amuse d’ailleurs à souligner que SCO, probablement pour d’obscures raisons de confidentialité, a utilisé des polices grecques (qui rendent le code incompilable) que le développeur a facilement remplacées par une police plus lisible. Bruce Perens attribue le développement de ce code au laboratoire d’AT&T en 1973, qu’il a diffusé sous licence BSD. Il a ensuite été exploité par Unix Systems Labs (une division d’AT&T) et par Caldera… qui deviendra SCO. Du fait, là aussi, de la licence BSD, les développeurs Linux auraient donc le droit d’intégrer ce code dans le système libre. De plus, cette portion de code ne serait au final exploitée que par quelques centaines de machines de SGI (ex-Silicon Graphics) qui avait également contribué au développement.

Les exemples exposés par SCO ne concernent que deux modules et ne sont pas représentatifs du million de lignes de code que l’éditeur évoque pour justifier sa démarche. Mais pour prouver sa bonne foi, mieux vaut ne pas se tromper d’arguments. Selon Bruce Perens, ceux présentés par SCO ne convaincront pas un juge…

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