Les artistes se rebellent contre le MP3
Après les Majors, ce sont les artistes qui protestent contre le MP3 et Napster. Toujours sur le même refrain du « pas d’argent, pas de musique ». Pas toujours crédible de la part de millionnaires. Certains, comme David Bowie, préfèrent s’adapter en trouvant un terrain d’entente.
Matthew Katz, cofondateur du groupe Jefferson Airplane et producteur, poursuit en justice le groupe Bertelsmann qu’il accuse de violer les droits d’auteur par l’intermédiaire du logiciel Napster que la compagnie détient désormais à 40 %. Matthew Katz accuse notamment Napster de l’avoir mis sur la paille en réduisant à néant ses commandes. Ce n’est peut-être qu’un moyen de justifier une mauvaise gestion d’un catalogue vieillissant, et par la même occasion de faire parler un peu de soi, mais il est assez réjouissant de voir un « petit » producteur attaquer une multinationale de l’industrie musicale pour activité illégale. Selon Matthew Katz, les Majors connaissaient parfaitement et depuis longtemps (évidemment) l’existence de logiciels d’échange de fichiers comme Napster et n’ont rien fait. Sans doute préféraient-elle attendre la mobilisation des artistes eux-mêmes.
Elton John monte au créneau
Après Metallica qui avait porté plainte en avril dernier contre Napster pour atteinte à la législation sur les droits d’auteur (voir édition du 14 avril 2000), un mouvement de rébellion contre le MP3 semble poindre en Angleterre. En tête, le célèbre Elton John a lancé, avec la complicité de la British Music Right (équivalent anglais de la Sacem), une campagne de sensibilisation sur les effets néfastes, non pas aux oreilles des auditeurs mais aux comptes en banque des artistes-compositeurs, des fichiers MP3 et des logiciels d’échange. Campagne d’ailleurs absente de leurs sites respectifs. Le refrain ne varie pas. Sans juste rétribution de leur travail, les artistes et leur musique vont disparaître, clame la star. Certes, Elton John n’est pas le plus à plaindre dans le domaine. Et nous espérons qu’il profite de son statut médiatique mondial pour se faire le porte-parole de plus petits que lui. Mais paradoxalement, cela pourrait les desservir plus qu’autre chose. Difficile de croire que la star millionnaire est dans le besoin.
A défaut de s’intéresser au sort que réservent les Majors aux jeunes artistes qui tardent à percer, on peut se demander si Elton John ne ferait pas mieux de renégocier ses contrats et le montant de ses droits d’auteur plutôt que de protester contre des technologies quasiment impossibles à maîtriser. Et le MP3 a peut-être un véritable rôle à jouer dans ce sens. L’apparition dans les années 70 de la cassette à bande magnétique, qui permettait tout autant que Napster la copie pirate, n’a pas fait disparaître les artistes. Au contraire, on pourrait constater que la multiplication des supports musicaux a fait progresser le nombre de musiciens, pour le meilleur comme pour le pire.
David Bowie négocie
David Bowie, lui, a trouvé sa solution. Représenté par EMI-Virgin Records, le créateur de Ziggy Stardust a directement négocié avec MP3.com et My.MP3.com les droits de diffusion… pour les titres dont il est entièrement propriétaire. Il touchera un tiers de cent par streaming (écoute en direct) et un quart de cent pour tout téléchargement. David Bowie, dont l’intérêt pour les nouvelles technologies n’est pas nouveau et se retrouve sur son site, est peut-être en train d’ouvrir une nouvelle ère économique où l’artiste négocie directement avec le diffuseur. Toujours est-il que d’autres compositeurs comme Tom Petty ou les Eagles seraient sur le point de signer avec MP3.com.
Pour en savoir plus :
* Le site de la British Music Rights (en anglais)