Les concurrents de Microsoft se réjouissent
Quelques heures à peine après que les décisions du juge Jackson aient été rendues publiques, les concurrents de Microsoft s’en sont donnés à coeur joie. Il faut démanteler Microsoft, clament-ils presque tous en choeur.
Alors que le Juge Jackson ne s’est pas encore prononcé sur les sanctions que devra subir Microsoft, déclaré coupable en début de semaine (voir édition du 4 avril 2000), les concurrents n’ont pas de mots assez durs contre le géant de Redmond. Sun en tête, ils sont nombreux à réclamer le démantèlement de Microsoft, c’est-à-dire son découpage en plusieurs sociétés indépendantes, comme seul moyen de restaurer un environnement de concurrence normal.
Dans un communiqué officiel, Sun ne mâche pas ses mots : « Nous pensons que seules des mesures rigoureuses assureront que Microsoft ne peut plus étouffer la concurrence en abusant de son pouvoir de monopole ». Notamment, Sun pense que « la seule approche sûre pour réduire le monopole de Microsoft sur le marché des systèmes d’exploitation pour PC est structurelle et consiste à séparer les divisions applications et contenus Internet en différentes sociétés ». Sun suggère également que « les activités systèmes d’exploitation résiduelles soient divisées en trois sociétés distinctes ».
Chez Sun, on demande aussi à ce que Microsoft donne toutes les clés pour permettre aux logiciels tiers de fonctionner parfaitement avec Windows. Sous-entendant donc que ce n’est pas le cas aujourd’hui, Microsoft conservant quelques atouts cachés dans sa manche. A contrario, il est bien difficile de dire si le système de Sun, Solaris, ne cache pas lui-même ce genre de raccourcis, uniquement connus des développeurs internes à Sun…
Jim Barksdale, ancien patron de Netscape (avant son rachat par AOL) et donc au coeur même du procès, recommande lui aussi le démantèlement de Microsoft, indiquant que cela allègerait la puissance « d’étranglement » de Microsoft et rétablirait la concurrence.
Les sociétés éditrices de distributions Linux également se félicitent de la décision du juge Jackson. Même si, selon des propos recueillis par notre confrère Cnet, le Pdg de Turbo Linux regrette que n’aient pas été déclarées illégales les pratiques commerciales de Microsoft. « Certaines des sociétés que nous avons contactées pour un éventuel partenariat se sont déclaré intéressées, mais ont décliné notre offre à cause de pression de Microsoft ».
Carl Howe, un des directeurs de recherche de l’institut Forrester Research, cité par PCWorld, est aussi vindicatif que les concurrents de Microsoft. Selon lui, le démantèlement de Microsoft en plusieurs sociétés plus petites est le seul remède efficace dans le cas d’anti-trust. A l’inverse, un professeur américain de droit de l’université de Baltimore, se montre plus circonspect : « Un démantèlement est toujours possible, mais je pense toujours qu’il est improbable. Aucun juge n’a vraiment l’envie de casser une société en morceaux ». Il n’empêche, le ton monte. Et le juge Jackson va subir bien des pressions.