La régie Doubleclick fournit 5 milliards de bandeaux publicitaires sur Internet chaque semaine. Elle récupère au passage de nombreuses informations sur les internautes, du logiciel qu’ils utilisent aux habitudes d’achats en ligne et de consultation des sites. De son côté, Abacus, un spécialiste du marketing de la vente par correspondance, dispose de données sur 2 milliards de transactions. Pour les associations de consommateurs américaines, la fusion des deux entreprises serait une rude coup porté à la protection de la vie privée des citoyens.
A chaque fois qu’un internaute se connecte sur un site abonné à Doubleclick, son logiciel va se connecter sur le serveur de la régie publicitaire. L’ordinateur peut-être identifié au moyen d’un cookie, un petit fichier placé par le site sur son disque dur. De cette manière, la régie peut se constituer une fiche de renseignements sur l’internaute -non nominative puisque seul l’ordinateur est identifié-. La fiche pourra contenir le type d’ordinateur et de logiciel utilisé, l’ensemble des pages consultées sur un site affilié à la régie publicitaire, voire même la liste des produits qui ont été acheté chez un client de la régie. Muni de ces données, la régie pourra par exemple servir des annonces publicitaires correspondant aux habitudes de consommation de l’internaute. Si le cookie peut-être refusé par l’internaute, de nombreux sites ne fonctionnent pas correctement sans cookies. Résultat, on finit toujours par cocher l’option « accepter les cookies » du logiciel de navigation.
Abacus, de son côté, collecte des données sur les achats par correspondance des consommateurs. Un rapprochement de ses fichiers avec ceux de Double-Click apparaît comme un moyen de constituer une gigantesque base de données sur les habitudes de consommation en ligne et traditionnelle des américains. Jason Catlett, qui préside l’organisation Junkbusters d’information sur les techniques de marketing en ligne, ne mâche pas ses mots: « En recoupant les cookies avec les noms et adresses tirés des messages électroniques et de l’analyse des transactions, la nouvelle société disposerait d’une base de données Orwellienne. » Comme lui, Marc Rotenberg, de l’EPIC et Simon Davies, de Privacy International, ont signé une lettre adressée aux gestionnaires de 6 fonds d’investissements qui s’affichent comme « socialement responsables ». Ils leur demandent de retirer les titres d’Abacus et de Doubleclick qu’ils pourraient détenir dans leurs portefeuilles d’actions et d’inscrire les deux entreprises sur leur liste noire.
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