Les développeurs, nerf de la guerre des architectures Web
En parallèle aux efforts marketing destinés à convaincre les entreprises du bien-fondé des architectures et des services Web, les éditeurs se livrent également à une opération de séduction qui vise les développeurs. En témoignent l’acquisition de Rational Software par IBM et, selon une rumeur, celle de Borland par Microsoft, sorte de réponse du berger à la bergère…
Rassembler les entreprises autour du concept d’architecture Web et autres services Web passe par le ralliement à ces technologies des développeurs et, à cette fin, par la fourniture d’outils de développement pouvant les séduire. C’est en tout cas sur ce front que la bataille se fait la plus âpre entre les fournisseurs de logiciels d’infrastructure, notamment IBM, supporteur de Java, et Microsoft avec ?Net.
Il y a quelques jours, IBM annonçait en effet son intention d’acquérir pour 2,1 milliards de dollars Rational Software, un éditeur d’outils de développement logiciel (voir édition du 9 décembre 2002). Une annonce qui donnait lieu quelques jours plus tard à une rumeur : Microsoft s’apprêterait à surenchérir sur l’offre de rachat d’IBM. Avant qu’une autre rumeur prenne le relais : ce serait finalement Borland Software, dernier éditeur d’outils de développement logiciel indépendant, que Microsoft chercherait à acquérir. Il est vrai que Borland vient lui-même de racheter au mois d’octobre TogetherSoft, éditeur d’outils de modélisation d’applications directement concurrents de ceux de Rational Software.
Rational Software découvre la « coopétition »
Rational Software est effectivement un partenaire prépondérant de Microsoft, lequel a certes ses propres outils avec Visual Studio mais utilise en complément ceux de Rational Software pour les développements complexes, associant notamment la plate-forme de Microsoft et celle d’IBM. Du coup, l’acquisition de Rational Software par IBM est bel et bien une épine dans le pied de Microsoft, et ce alors même qu’IBM a affirmé que les partenariats en cours de Rational Software avec des éditeurs tiers seraient maintenus. Une situation délicate qui a pour nom « coopétition » (contraction de coopération et de compétition) et dont l’histoire récente montre qu’elle ne pouvait perdurer. En effet, après le rachat par IBM, les produits de Rational n’auront-ils pas vocation à devenir partie intégrante de la gamme WebSphere et à perdre leur neutralité technologique ? En outre, dans l’opération, Microsoft ne perd pas seulement un partenariat avec un spécialiste d’une technologie qui lui fait défaut, mais également l’appui des consultants de Rational Software, une activité qui représente un chiffre d’affaires de 90 millions de dollars de chiffre d’affaires par an. Ces consultants sont formés à la plate-forme ?Net. Intégrés à IBM, ne seront-ils pas convertis en apôtres exclusifs des choix technologiques et produits d’IBM, en l’occurrence Java et WebSphere ?
IBM et Microsoft ne sont pas les seuls à renforcer leur offre en matière d’outils de développement. Le leader des serveurs d’application J2EE, Bea Systems, préparerait pour le premier semestre 2003, selon News.com, une évolution majeure de WebLogic qui se caractériserait entre autres par un renforcement des fonctionnalités d’aide au développement et d’intégration interapplicative. Cette évolution est d’ailleurs une tendance déjà ancienne et commune à tous les éditeurs de serveurs d’applications. Là aussi, il s’agit de convaincre les développeurs d’utiliser tel serveur d’applications – socle sur lequel sont déployées les architectures Web – plutôt qu’un autre, en lui fournissant des outils facilitant leur travail.