Les entreprises mi-figue mi-raisin face à Windows XP
Adopter Windows XP ? Sûrement, à terme, mais sans précipitation, répondent les entreprises. Certaines ayant récemment adopté Windows 2000 n’ont pas encore rentabilisé l’investissement. D’autres, encore majoritairement utilisatrices de Windows 9x ou NT 4.0, pourraient être intéressées plus rapidement. Mais il faut aussi mettre à jour les machines, le nouvel OS étant évidemment plus gourmand en ressources. Rien ne sert de courir…
La situation économique mondiale ainsi que les récents événements de New York ne devraient pas contribuer à faire du 25 octobre une date charnière pour Microsoft. En tout cas pas auprès des entreprises qui ne semblent pas encore prêtes à migrer massivement vers le nouvel OS de l’éditeur. Francis Aaron, administrateur du Cigref, estime qu’il est encore trop tôt pour percevoir les avantages à passer sur Windows XP. « Ce n’est pas une demande du client. L’entreprise possède aujourd’hui des outils efficaces qui fonctionnent et on lui demande de migrer sur quelque chose de nouveau. Je pense que les entreprises n’ont pas encore fini leur état des lieux », explique-t-il. Et d’ajouter : »Les entreprises sont aujourd’hui un peu dans le flou. Microsoft annonce suspendre son programme de licence pour NT 4 [voir édition du 4 octobre 2001], Windows 2000 est encore peu utilisé par les sociétés. Et aujourd’hui, les entreprises doivent migrer sur un système nouveau tout en sachant que derrière arrive .Net dont on ignore tout. La réaction normale serait de dire : ‘Faisons une pause et regardons ce que cela peut nous apporter’. » Une vision partagée par Steria qui estime que la migration vers XP ne semble pas être pour le moment une priorité. Du moins, la société de services ne semble pas déceler un intérêt soudain ou massif de la part de ses clients.Compaq estime au contraire que Windows XP devrait remporter un large succès auprès des entreprises. « Globalement, les grandes entreprises sont sous NT 4.0. Elles n’ont pas passé le cap de Windows 2000. L’arrivée de XP leur donne ainsi la possibilité de migrer vers un OS plus performant en leur donnant l’illusion d’avoir sauté une étape et donc d’avoir réalisé une économie », estime Eric Greffier, directeur des gammes Desktop chez Compaq. Et d’ajouter : « A l’époque, les entreprises ne voyaient pas l’intérêt de migrer vers Windows 2000. Aujourd’hui, je ne retrouve pas auprès de ces mêmes entreprises cette réticence à passer sur un nouvel OS. » Un atout pour réduire ses coûts Pour Avanade, autre société de services, il y a forcément des entreprises qui seront rapidement intéressées. Ainsi, quelques références telles American Express ou la banque Wells Fargo ont déjà annoncé avoir adopté XP. Pour Laurent Bouchery, consultant chez Avanade, beaucoup de sociétés vont avoir le déclic XP avec le lancement du 25 octobre. Une opinion à prendre toutefois avec prudence. Avanade est en effet une joint-venture entre Accenture et … Microsoft. Pour Laurent Bouchery, il faut toutefois distinguer deux marchés. Selon lui, il y a les entreprises qui fonctionnent sous des systèmes Windows 95, 98, NT 4 et qui n’auront pas de mal à identifier les avantages de XP. Par ailleurs, « l’arrêt en décembre des supports pour Windows 95 devrait être le déclencheur pour adopter un OS plus performant », déclare Eric Greffier. Les sociétés, selon lui, profiteront de XP pour se mettre à jour. Deuxième marché identifié, celui des entreprises qui ont migré récemment sur Windows 2000. Nombre de ces entreprises sont en début de cycle et ne changeront leurs systèmes que dans 3 ou 4 ans. Pour ces sociétés, XP risque bien d’arriver trop tôt. En effet, elles n’ont pas encore rentabilisé leur investissement. A moins, estime Avanade, qu’elles ne trouvent dans XP des applications totalement nouvelles ou des avantages indéniables. Laurent Bouchery estime que le principal avantage de XP sur 2000 est une forte réduction de coût pour l’entreprise. Il cite ainsi l’exemple du contrôle à distance qui permet d’intervenir sur la machine sans avoir besoin de se déplacer, ce qui diminue les coûts d’intervention. Autre exemple, celle de la fiabilité qui permet de disposer automatiquement des derniers correctifs sans avoir à programmer quoi que ce soit. Il faut tout de même savoir que Microsoft conseille aux entreprises qui ont récemment migré sur 2000 de rester sur cet OS. Quid des applications ?Enfin l’intégration de XP devrait se faire d’autant plus facilement qu’il n’est plus tout à fait nouveau pour les entreprises. Certains grands comptes ont été effectivement intégrés dans le programme de test de Microsoft et ont pu bénéficier des versions bêta afin de découvrir au mieux l’OS. Toutefois, l’arrivée de XP en entreprise dépendra en outre des éditeurs de logiciels. « Est-ce que les éditeurs qui ont porté leurs applications sur NT l’ont déjà fait sur XP ? Rien n’est moins sûr », s’interroge Francis Aaron. Rien ne semble indiquer que les entreprises se tourneront rapidement vers XP. Elles devraient dans la majorité des cas attendre la fin du cycle normal de migration des postes pour adopter XP. Une adoption rendue d’ailleurs nécessaire si les entreprises veulent profiter du nouveau programme de licence très contesté et qui ne cesse d’être retardé par Microsoft (voir édition du 10 octobre 2001).