« Dans quelle mesure leur contenu est-il un élément déterminant pour se connecter à Internet et, si c’est le cas, faut-il renchérir les tarifs ? », s’interroge Jean-Christophe Le Toquin, porte-parole de l’Association des fournisseurs d’accès (AFA) à propos de la revendication de l’association des Webproducteurs qui réclament une part du chiffre d’affaires des FAI pour financer leurs productions (voir édition du 11 février 2002). Le débat n’est pas encore lancé mais il est clair que les FAI français ne partagent pas du tout la vision des auteurs. C’est en tout cas le sentiment qui ressort du communiqué de l’AFA pour qui le développement du Net est avant tout un problème d’équipement des ménages et de coûts d’accès. « L’accès Internet, tant en bas débit qu’en haut débit, souffre de contraintes économiques qui gèlent l’innovation en matière d’offres au grand public, alors que, fin 2001, moins de 20 % des individus avaient un accès à Internet à domicile », peut-on lire.
Un manque d’intérêt qui n’est pas directement lié au réseau des réseaux. « La part des gens qui refusent de mettre les pieds sur le réseau après y avoir goûté est marginale », rassure Jean-Christophe Le Tocquin. Pour l’AFA, le développement du service universel, qui permettra de mettre en place de « gros » forfaits, voire l’accès illimité, offre un espoir réel d’adoption massive du Net par le grand public. « Nous y travaillons et espérons aboutir très prochainement à un résultat », précise le délégué de l’AFA qui insiste aussi sur le fait que le coût de l’équipement (l’ordinateur) et sa maîtrise sont un frein pour certaines couches de la population.
Des FAI également en difficulté
Quand bien même le Net serait un immense succès, cela ne justifierait pas pour autant le modèle économique préconisé par les Webproducteurs. « L’effondrement de la publicité a mis en exergue les difficultés financières des sociétés de production », analyse Jean-Christophe Le Toquin, « mais cela m’étonnerait qu’un de nos membres soit prêt à faire payer ses abonnés pour du contenu qu’il ne produit pas lui-même. » Le porte-parole des FAI en profite pour balayer les arguments avancés par les Webproducteurs sur le fait que les FAI génèrent aujourd’hui des bénéfices : « Les FAI aussi dégraissent et réduisent leurs équipes et s’ils n’achètent plus de contenu, c’est bien parce qu’ils ont des difficultés à dégager des bénéfices, ce qui reste l’objectif principal. La valorisation par le contenu viendra après. »
Pour le délégué, « le vrai problème est de facturer le contenu aux internautes, et les FAI et leurs opérateurs disposent de toute l’infrastructure pour cela et ont donc plus de facilité ». Mais il fait remarquer que certains producteurs ont développé leurs propres solutions. « C’est le cas de quelques titres de la presse mais, surtout, des sites pornographiques qui s’appuient sur le modèle du kiosque pour commercialiser leurs services. » Malgré ces divergences de vue, l’AFA se dit ouverte aux discussions et laisse même entendre « qu’un modèle économique peut se construire avec les FAI ». De nombreuses discussions en perspective…
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