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Les Français se désintéressent du Net

Internet aurait-il perdu de son attrait auprès des Français ? C’est à craindre selon les statistiques du Sessi, publiées par le secrétariat d’Etat à l’Industrie à partir d’une étude de l’institut CSA Opinion sur un échantillon national de 1 000 personnes de 15 ans et plus. « Seulement » un Français sur cinq possède une connexion Internet à domicile (en mai 2001). Ce qui est évidemment encourageant par rapport au chiffres antérieurs. En octobre 1999, ils n’étaient que un sur douze à surfer de leur lieu de résidence. Mais seuls 6 % des hexagonaux ont l’intention de se connecter dans les douze mois à venir. Ils étaient 19 % en novembre 1999. Plus inquiétant (pour les fournisseurs d’accès, notamment), plus de 50 % des Français n’envisagent pas de se relier au réseau des réseaux un jour, même si un habitant sur trois a déjà utilisé Internet, professionnellement ou de façon occasionnelle. Paradoxalement, c’est à la maison qu’on s’en sert le plus. 54 % des personnes interrogées déclarent se connecter le plus souvent à partir de leur domicile, 36 % de leur lieu de travail et 20 % sur leur lieu d’études.

L’ordinateur, un frein pour l’Internet

Les raisons de ce manque d’engouement ? L’ordinateur ! « L’usage autonome de l’ordinateur, principal support actuel de l’Internet, nécessite en réalité un apprentissage », note le rapport. Il est vrai que, contrairement à ce que suggèrent régulièrement les Bill Gates et autres Steve Jobs, la logique de l’ordinateur n’est pas forcément à la portée de tout le monde. En tout cas, il demande un effort d’adaptation que la majorité des Français ne semblent pas prêts à faire. Les moins intéressés le sont essentiellement pour des raisons économiques, mais aussi culturelles. Ainsi, neuf dixièmes des plus de 65 ans, des retraités et des non-diplômés n’envisagent pas de se connecter dans les années à venir. Tout comme plus de 75 % des foyers à faibles revenus (moins de 7 500 francs mensuels) ainsi que 70 % des femmes de plus de 35 ans. Beaucoup d’entre eux ne voient tout simplement pas l’utilité du Net. D’autres évoquent le i« frein matériel » (comme les jeunes qui voient dans les coûts d’accès un obstacle temporaire) et une minorité (non-diplômés et retraités essentiellement) « pense que l’usage d’Internet est complexe ». A l’inverse, plus on est diplômé et économiquement élevé, plus on est connecté. Ainsi, 53 % des cadres supérieurs possèdent une connexion, tout comme les foyers bénéficiant de revenus supérieurs à 20 000 francs mensuels. C’est aussi le cas de 43 % des diplômés de l’enseignement supérieur et de 32 % des étudiants ou lycéens. Remarquons que les hommes sont légèrement plus « branchés » que les femmes (24 % contre 18 %). Bref, plus on utilise Internet au travail, plus on continue à la maison.

Pourtant, l’étude ne manque pas de signes encourageants puisque si seulement 2 % des ouvriers étaient connectés en novembre 1999, ils étaient 13 % en mai dernier. Et 16 % ont l’intention de s’y mettre dans les deux ans à venir. Si un quart des salariés du secteur privé sont reliés, 8 % des non-connectés les rejoindront dans les mois qui viennent. Les femmes aussi font des efforts : 14 % surfent régulièrement aujourd’hui contre 4 % il y a deux ans. Même les revenus modestes (entre 7 500 et 10 000 francs) ont l’intention de s’affranchir pour un cinquième des ménages. Les 25-34 ans sont les plus nombreux à se connecter quotidiennement. Au-delà, « la fréquence d’utilisation du Web diminue nettement avec l’âge ». La recherche d’informations constitue pour près de 80 % la raison principale d’utilisation, suivi de l’usage du mail (65 %) et du simple surf (50 %). En revanche, les discussions (moins de 20 %), la musique (18 %) et les transactions bancaires ou boursières (12 %) sont loin de motiver les internautes. Et malgré les efforts des commerçants et des banques, 55 % des internautes déclarent ne pas avoir confiance et ne pas être disposés à réaliser des achats en ligne. Inversement, 19 % ne voient pas d’inconvénient à payer en ligne et 22 % se disent réticents mais passent une transaction quand ils connaissent le site, lorsqu’ils peuvent utiliser des outils spécifiques (porte-monnaie électronique, téléphone) ou qu’ils n’ont pas le choix.

3 % des Français en haut débit

Notons enfin que l’Internet haut débit reste encore marginal. Si 8 % des Français déjà connectés se disent intéressés dans les deux ans qui viennent, seulement 3 % ont un accès rapide aujourd’hui. Mais 10 % des non-connectés déclarent vouloir choisir directement une liaison haut débit lorsqu’ils prendront une connexion. Ce qui apparaît comme encourageant pour le développement de l’Internet rapide en France. Evidemment, ce sont encore les cadres (45 %) et les diplômés (36 %) qui se montrent les plus intéressés.

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