Pour l’immense majorité des entreprises, une migration de Windows ou d’un Unix propriétaire vers Linux n’est perçue comme intéressante ni d’un point de vue économique ni en termes de sécurité informatique. C’est ce qui ressort d’une enquête réalisée par le cabinet d’études Yankee Group qui a interrogé plus de 1000 responsables informatiques d’entreprises de taille moyenne et grande. Parmi ces derniers, un certain nombre sont des utilisateurs de Windows 2000 et de Windows 2003. Bien qu’ils fassent figurer au premier rang de leurs soucis le temps passé à installer les correctifs, ils estiment à 72% que Windows est aussi sûr que Linux. Selon eux, si Windows est actuellement le système d’exploitation qui fait l’objet du plus grand nombre d’attaques, c’est simplement parce qu’il est le plus populaire. Au fur et à mesure que Linux renforcera sa présence en entreprise, sa vulnérabilité aux attaques s’en ressentira. Résultat : dans deux ans, toute entreprise ayant réalisé une migration massive de Windows vers Linux passera tout autant de temps à sécuriser ses serveurs et ses PC qu’avant la migration.
PC : pas de présence significative avant 2006
Quant au soit disant avantage économique de Linux, 90% des 300 grandes entreprises sondées, comptant 10 000 employés ou plus, estiment qu’un déploiement significatif voire une migration complète de Windows vers Linux serait de trois à quatre fois plus coûteuse et prendrait trois fois plus de temps que mettre à jour Windows. En bref, les grandes entreprises préfèrent capitaliser sur leur infrastructure existante plutôt que de se risquer à un changement radical. De leur côté, les entreprises comptant de 5000 à 10 000 salariés invoquent également des considérations économiques comme un frein à la migration : elles estiment que choisir Linux en tant que système d’exploitation principal nécessiterait d’étoffer le support technique de 25 à 40%. Ce qui entraînerait un surcoût d’autant plus important que, selon elles, les spécialistes de Linux sont de 20 à 30% plus chers que les spécialistes d’Unix ou de Windows. Au total, parmi l’ensemble des entreprises interrogées, plus de la moitié n’a aucun projet de migration ni de leurs serveurs (54%) ni de leurs PC (57%). Cela dit, il y a tout de même un quart des entreprises de l’échantillon qui serait prêt à installer Linux sur certains de ses serveurs et 21% qui pourrait migrer une partie de ses postes de travail de Windows vers Linux. Cette étude ne remet pas en cause l’intérêt de Linux pour les entreprises, lequel permet de s’affranchir des fournisseurs traditionnels, ni le fait qu’il trouvera probablement sa place face à Windows et aux Unix ; elle repousse cependant la date de son avènement : le système d’exploitation libre ne devrait pas détrôner Windows sur les serveurs dans les deux ans à venir et il faudra attendre 2006 pour qu’il commence à entamer la suprématie de Windows sur les PC.
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