Internet illimité et à haut débit. Souvent loué rarement atteint. De plus en plus de « câblés » font part de leur mécontentement. Pour l’association Luccas (Les utilisateurs de Cybercâble associés), le « combat » dure depuis longtemps (voir édition du 22 décembre 1999). L’association attend toujours le rapport d’expertise qui devrait arriver entre les mains du juge dans les jours qui viennent. « On espère que fin novembre tout sera réglé », explique son président Bertrand Penn. Aujourd’hui, l’association se bat contre le changement de forfait du fournisseur d’accès, devenu Noos il y a peu. « Les premiers utilisateurs du câble on véritablement vécu un an de galère. Maintenant, les choses se sont grandement améliorées, mais n’acceptons pas d’être obligés de changer de forfait en début d’année prochaine et payer 100 francs de plus. Pour nous c’est totalement injuste. » Du côté de Noos, on justifie l’écart de prix en avançant l’accès gratuit à la télévision câblée. « Cela concerne un petit nombre d’abonnés et de plus, nous leur offrons l’accès aux chaînes gratuites et le décodeur télé, soit un cadeau à 110 francs, c’est tout à fait correct, » justifie un porte-parole. Si ce n’est pas pousser à la consommation, ça y ressemble.
L’« upload », c’est à dire les données en voie remontante, est aussi au centre des controverses abonnés / fournisseur d’accès. « La limite actuelle est trop basse », reprend Bertrand Penn de Luccas, tandis que Noos indique « 250 Mo plus 4 par jour, soit 370 Mo par mois, c’est tout à fait raisonnable ». Difficile de trouver un terrain d’entente. Mais Noos indique ne pas facturer le premier dépassement, qui a tôt fait d’arriver quand on laisse branché son PC sur une radio Internet ou qu’on permet à d’autres internautes de se servir en fichiers sur sa machine, comme c’est le cas avec Napster. « A 500 francs de dépassement, nous envoyons un courrier, à 2 000 nous téléphonons » assure Noos.
Mêmes revendications de la part des abonnés au câble de Wanadoo, organisés au sein du CCW (Collectif des câblés wanadoo). « Certains d’entre nous ont vu leurs factures atteindre des sommes de 3 000 à 25 000 francs » indique Amaury Beaudouin, ancien correspondant du collectif pour la région de Bordeaux, qui est passé à l’ADSL. « J’ai déménagé, depuis j’ai l’ADSL et cela n’a rien à voir. J’ai franchement eu l’impression d’y être poussé par France Telecom Câble, car même si mon immeuble est câblé, impossible d’être relié au réseau, à chaque fois une raison différente était invoquée. » Depuis les débuts du collectif, la limite en « upload » est passée à 500 Mo, par contre il reste toujours des problèmes de coupure de la liaison et d’engorgement du réseau à certaines heures.
« Dans l’ensemble ça va mieux, mais il existe toujours de grandes disparités entre les régions. C’est pour cela qu’il nous est difficile de raisonner au niveau national », explique Nicolas Guillemain, présent dans le collectif depuis son début et webmestre du site. Pour lui, trois points noirs persistent : « la bande passante pose problème, on voit nettement la différence depuis la rentrée : les vitesses ont chuté. Ensuite il y a l’upload, Wanadoo dit prendre en charge le premier dépassement mais tout n’est pas clair. » Enfin, le troisième point : « la non-communication, l’absence de transparence. Il n’y a même pas de page nous donnant l’état du trafic. »
Des hotlines qui ne répondent pas ou donnent une réponse différente à chaque fois, le désagrément semble aussi frapper les utilisateurs d’AOL Numéricâble, regroupés, eux, au sein de la LPIC, Ligue de protection des internautes câblés, qui ont transformé leur regroupement en association depuis le 14 septembre. Eux dénoncent avant tout un débit extrêmement lent. « Pour nous, cela correspond au lancement de l’offre d’abonnement illimité d’AOL », explique Nicolas Degand, porte-parole de l’association (voir édition du 18 août 2000). « L’ennui vient clairement de la bande passante trop faible. De plus, les temps de pings sont énormes, la passerelle est située aux Etats-Unis. Et surtout nous avons chaque fois un son de cloche différent de la part soit de Numéricable soit d’AOL ». AOL n’était pas joignable à l’heure où nous rédigeons ces lignes et Numéricable n’a pas répondu à nos questions envoyées sur leur demande par e-mail.
Noos, Wanadoo ou Numéricâble : les fournisseurs d’accès à Internet par le câble possèdent maintenant tous des collectifs d’abonnés mécontents. Leur existence prouve que des problèmes subsistent, même si tous s’accordent sur les avancées obtenues. A l’heure où un rapport d’Etat montre que l’Internet haut débit n’a toujours pas décollé en France (voir édition du 19 septembre 2000), certains trouveront peut être ici quelques raisons à ce manque d’engouement.
Pour en savoir plus :
* Les utilisateurs de Cybercâble associés
* Le collectif des câblés Wanadoo
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