Les magasins Apple font de l’ombre aux expositions
Les démêlés avec l’organisateur des salons Macworld, l’annulation de l’Apple Expo en 2001, celle du salon de Tokyo cette année, la multiplication d’un réseau de vente en propre, la faible mise en avant de ses produits par des chaînes de distribution… Tout semble devoir amener le constructeur de Mac à l’abandon de tout ou partie de ses exhibitions ! Explications…
Depuis le lancement de sa chaîne de magasins, Apple n’hésite pas à comparer l’affluence qui les caractérise au nombre de visiteurs enregistrés lors des grands salons qui lui sont consacrés ou auxquels elle participe. Au centre des débats, les célèbres Macworld Expos. Depuis janvier 2002, Steve Jobs revient fréquemment sur le sujet. Selon lui, chaque mois, le réseau de vente d’Apple attire autant d’individus que plusieurs Macworld. Pourtant, les célèbres salons exigent une organisation lourde, monopolisant des ressources financières et humaines importantes, et dont les bénéfices, sans doute importants pour les autres exposants, ne sont pas évidents pour Apple. Macworld attire spécifiquement les habitués du Mac, pas les autres utilisateurs d’ordinateurs ! Fort de ce constat, la Pomme se confronte à l’organisateur de l’événement, IDG World Expo. La session d’été de Macworld, tenue à Boston jusqu’en 1997, avait depuis migré à New York (voir édition du 19 juin 2002). Pour 2003, Apple a en effet remis en question sa participation à l’événement et les relations se sont nettement tendues entre les deux protagonistes, voire rompues. Pour 2004, la firme a signifié qu’elle ne comptait pas participer au salon, dont on savait déjà qu’il devait réintégrer Boston dans un nouveau palais des expositions flambant neuf. IDG World Expo, dont le dirigeant vient d’être écarté, semble chercher par tous les moyens à faire revenir Apple à la table des négociations. Cette stratégie de renonciation de la firme ressemble beaucoup à un coup de force destiné à renégocier sa présence.
Une exposition permanente
Mais il pourrait tout autant s’agir de l’engagement d’une politique à plus long terme visant à annuler la participation d’Apple à toute la série des salons traditionnels. Avec plus de 50 magasins ouverts aux Etats-Unis, elle dispose maintenant d’un show permanent, beaucoup plus proche des usagers que les coûteuses – tant pour le constructeur que pour les visiteurs – Macworld Expos. De plus, force est de constater qu’Apple est l’un des seuls constructeurs d’ordinateurs disposant d’expositions quasiment à sa seule intention. En Europe, la très mythique Apple Expo couvre (avec la MacExpo de Londres, sauvée à la force du poignet par ses organisateurs) les besoins du Vieux Continent. Mais, même si quelques autres pays appellent de leurs voeux un show, un sondage de notre confrère allemand MacWelt en atteste, la complémentarité du réseau de magasins et des salons semble devoir, sous peu, profondément modifier la donne. En Europe y compris, la nouvelle approche pourrait être testée à plus ou moins long terme. Le vice-président Europe d’Apple, Pascal Cagny, l’a laissé échappé lors d’un entretien avec des journalistes anglais du Sunday Business : Apple a programmé une expansion de ses magasins. Londres et Paris seraient sur les rangs. Et le site de rumeurs Macosrumors d’annoncer des ouvertures pour le courant 2003 ou le début 2004. L’Europe ne serait d’ailleurs pas la seule concernée : l’Australie, le Japon et Hong Kong pourraient également adopter le concept des échoppes à la Pomme. Une telle décision d’expansion soulignerait la volonté d’Apple de voir son concept d’exposition permanente s’étendre au monde entier. Qu’adviendrait-il alors des vraies expositions ?
Une grande expo par continent
Pour le moment, seul le salon Macworld de la côte est américaine pourrait faire les frais d’une remise à plat des budgets consacrés. Un recentrage de la participation d’Apple sur un seul événement américain, celui de San Fransisco, ferait rentrer le constructeur dans le rang et lui ouvrirait la participation à d’autres salons informatiques, en mesure de promouvoir ses solutions sur d’autres marchés et auprès d’autres clients. Pour le reste du monde et dans ces conditions, on peut tabler sur une grande exposition par continent. On voit mal le Mac, même si ce fut le cas à la suite des attentats du 11 septembre (voir édition du 21 septembre 2001), se passer du jour au lendemain de l’Apple Expo parisienne. Quant à la Macworld de Tokyo, disparue cette année (voir édition du 17 décembre 2002), sa soudaine annulation anticipe-t-elle le futur remodelage mondial ou s’agit-il d’une autre pression, plus radicale celle-là, exercée sur IDG World Expo ?