Les mégafusions bousculent les politiques d’achats

Régulations

La vague de rachats de fournisseurs d’équipements de réseaux interpelle plus d’un administrateur de réseau quant à sa politique d’achat.

Finie l’époque où l’administrateur avait à choisir un fabricant pour équiper ses réseaux locaux, un autre pour les interconnecter, un troisième pour déployer le backbone du réseau de l’entreprise, sans oublier un quatrième pour la fourniture des PABX et de tous les équipements à vocation télécom. « Cette logique d’achat est en train de voler en éclats », affirme Niel Rickard, analyste au Gartner Group.

Deux raisons poussent à une révision de ces pratiques selon le cabinet américain. La première est d’ordre technologique. Les entreprises ? y compris les entreprises européennes ? cherchent de plus en plus le fournisseur unique capable de leur offrir une solution réseau de bout en bout qui soit cohérente à administrer, qui intègre la gestion des trafics prioritaires ou encore des fonctions avancées telles que l’activation d’annuaires au niveau des commutateurs (DEN, Directory Enabled Networking).

La seconde est d’ordre économique : les entreprises veulent pouvoir négocier dès à présent et dans les meilleures conditions le prix de l’ensemble des équipements de leurs réseaux. Demain, elles voudront négocier sur l’ensemble de leurs équipements voix-données.

Cette logique naissante du « fournisseur unique » sur fond de convergence technologique explique la vague de rachats qui secoue le monde des réseaux depuis l’été dernier et qui ne cesse d’interpeller les directions informatiques. Pour le Gartner Group, quatre acteurs majeurs sont en train d’acquérir ce statut de fournisseur global capable d’apporter des solutions de bout en bout. Il s’agit de Cisco, de Nortel, de Lucent et, dans une moindre mesure, de l’allemand Siemens qui vient de prendre pied sur le marché américain en créant une entité (Unisphere Solutions) regroupant Argon Networks et Castle Networks. Les partenariats stratégiques du groupe allemand avec Newbridge et 3Com restent soumis aux aléas d’un rachat toujours possible de l’un ou de l’autre par un tiers autre que Siemens. À moins que, comme l’évoque très sérieusement le Yankee Group ? cabinet américain concurrent du Gartner Group ? Siemens ne procède à l’acquisition de la division professionnelle de 3Com. D’autres sources prêtent aux deux partenaires l’intention de créer une filiale commune, destinée, entre autres, à renforcer les liens financiers entre les deux entreprises. Les activités de 3Com concernant l’organiseur de poche Palm Pilot et les produits réseaux pour le grand public ne feraient pas partie des négociations autour de la joint-venture en gestation.

Quoi qu’il en soit, ces scénarii n’inquiètent pas le moins du monde les utilisateurs français. C’est en tout cas le point de vue de Jean Pierre Blouet, directeur informatique et télécoms à la Caisse nationale d’assurance maladie. Rappelons à cette occasion que, pour son réseau, la Cnam vient de retenir des commutateurs de niveau 2 et niveau 3 d’origine 3Com. « Personnellement, je crois que 3Com sera racheté cette année, mais que les produits actuels continueront d’exister et d’évoluer. Sur ce plan, je n’ai pas plus d’inquiétudes qu’avec les produits d’origine Bay-Nortel, que la Cnam utilise par ailleurs. »