Les premiers pas du peer-to-peer sécurisé
Napster annonçait l’arrivée d’un nouveau type d’applications permettant de partager des ressources entre internautes : le peer-to-peer. Oui, mais pas de manière sécurisée. Les premières solutions agrémentées de gestion de droits d’auteur émergent à peine et donnent une idée de ce qui nous attend. Ainsi Scour vient de lancer sa nouvelle version en bêta, tout comme Flipr, et on attend Human Links pour début juin.
« P-2-P » : tout le monde n’avait que ce mot à bouche. Normal le peer-to-peer (littéralement « de pair à pair ») ouvrait une nouvelle voie pour l’Internet. On allait enfin pouvoir partager ses ressources et ses contenus de manière simple et transparente. Seulement voilà : encore faut-il respecter les droits d’auteur. Aïe ! Car Napster, le grand apôtre du P2P, s’il a bien rempli sa mission d’évangélisation, a omis de considérer cet aspect et on sait ce qu’il en est aujourd’hui. De leur côté, les éditeurs de contenu, en particulier de musique, se sont vite rendu compte des capacités de tels outils. Tant en matière de promotion que de marketing. Ils développent chacun leur solution, en général à plusieurs et en s’alliant à des spécialistes de sécurisation des contenus. Car une seule crainte les paralyse : voir leurs précieux fichiers copiés et recopiés à foison.
Les services payants sont prévus pour cet été ou cet automne. Il y a le Napster de Bertelsmann tout d’abord, mais aussi Duet et MusicNet, ses concurrents chez les autres Majors. Pour se faire une idée de ce qui nous attend, on peut d’ores et déjà faire un tour du côté de Scour Exchange. Débarqué l’année dernière, le logiciel de P2P avait tout de suite séduit par ses capacités d’échanges qui ne se limitaient pas à l’audio mais permettaient aussi les transferts de vidéos et d’images (voir édition du 5avril 2000). Attaqué par la RIAA (Recording industry association of America) et la MPAA (Motion picture association of America), Scour avait dû déposer son bilan pour finalement être racheté pour 9 millions de dollars par CenterSpan, une société spécialisée dans le P2P (voir édition du 14 décembre 2000). Après plusieurs mois d’inactivité (le service a été fermé à la mi-novembre), revoici Scour encore en version bêta, mais cette fois-ci sécurisée.
Scour en version beta : un catalogue bien pauvre
Une fois installé le logiciel donne accès à un site dédié recensant les fichiers auxquels on peut accéder. Ces derniers sont classés en deux parties : vidéo et audio. La version d’évaluation donne droit à 30 téléchargements, au format WMA pour l’audio et WMV pour la vidéo. Ces deux types de fichiers doivent être lus sur le Windows Media Player de Microsoft, dont la version 7 intègre une solution de DRM (Digital rights management, gestion des droits numériques). Attention : les heureux utilisateurs de Windows NT ne peuvent installer cette version du lecteur de Microsoft sur leur machine. En théorie, toute copie est rendue impossible, d’ailleurs CenterSpan l’indique clairement dans sa Faq, où l’on peut lire : « La meilleure manière de partager du contenu provenant de Scour, c’est de dire à vos amis d’aller sur Scour et d’y récupérer les fichiers. » On fait mieux en matière de P2P ! Dans sa version actuelle, le système ressemble en effet à un site de téléchargement classique, avec des fichiers gratuits en téléchargement, lesquels correspondent soit à des artistes inconnus, soit à des promotions. Bien sûr, on peut savoir qui a téléchargé quel fichier mais cela n’apporte pas grand chose. La version commerciale devrait reposer sur un système d’abonnement dont le montant n’a pas encore été révélé.
Le peer-to-peer à toutes les sauces
Mais l’idée du P2P sécurisé fait son chemin. Un nouvel arrivant fait son entrée : il s’agit de Flipr (pour Future license of intellectual property registry), qui vient lui aussi de lancer sa version bêta pour laquelle il recrute des « testeurs ». Le principe est à peu de chose près le même que celui de Scour. L’idée est toujours de permettre l’accès à des artistes apparentés à ceux dont vous téléchargez les titres. A essayer. On attend aussi avec impatience l’arrivée de Human Links, un moteur de recherche d’un tout nouveau genre qui repose sur le principe d’échange d’informations entre internautes (voir le dossier SVM « Le moteur c’est moi » ). La phase de test doit débuter en juin.