Les processeurs face aux problèmes de surchauffe
Intel et Dell semblent avoir compris ce qui permet à Apple de réduire les volumes de ses ordinateurs ou d’éviter de les faire chauffer : c’est le microprocesseur ! Si le Centrino d’Intel tâche de rivaliser avec les G3 ou les G4, les serveurs lames de Dell pourraient ne pas atteindre les parts de marché attendues pour cause de surchauffe !
Huit années après Motorola, Intel commercialise un nouveau processeur intégrant plusieurs modes de fonctionnement pour préserver l’énergie. Il s’agit du Centrino (voir édition du 10 mars 2003), également connu sous le nom de Pentium M. Le Centrino rattrape en fait le retard d’Intel sur une fonction intégrée dans les Mac depuis le PowerBook 5300 (qui date de 1998), conçu autour du Motorola 603e et destiné à réaliser des économies d’énergie. La fonction intégrée à ce Pentium s’avère simple, et mime en fait celle intégrée aux G3 et G4 utilisés par Apple : le processeur prend des pauses quand l’utilisateur ne fait pas appel à lui, ou réduit sa vitesse pour économiser la batterie. Aussi simple que cela puisse paraître, les Pentium n’en disposent pas pour le moment. Le Pentium M, lui, est conçu dans cet esprit. Il commence à apparaître sur des PC, comme le Dell 600, testé par le Washington Post, qui a pu en l’utiliser pendant 4 heures, quand l’intensité de l’écran – qui s’avère l’un des composants consommant le plus d’énergie – est réduite à sa plus simple expression. Dans des conditions similaires, Apple se fait fort de faire tourner un portable près de 5 heures (pour la gamme des PowerBook, hormis la machine 17 pouces). Reste que le système Centrino se concentre sur une architecture de carte mère revue et corrigée, une solution WiFi IEEE 802.11b et le nouveau processeur. Encore faut-il remarquer le prix à payer pour ces économies d’énergie : de l’aveu même d’Intel, le Pentium M tourne entre 1,3 et 1,6 GHz, quand le Pentium 4 Mobility atteint les 2,53 GHz ! Autant dire que pour obtenir des fréquences élevées sur le Pentium 4, l’autonomie en a pris un coup ! Côté marketing, la firme s’appuie en fait sur le nouveau concept de mobilité que ce processeur type lui permet de mettre en avant. Un concept qui ressemble étrangement aux fonctions retenues depuis 1999 par Apple dans ses ordinateurs portables : connexion sans fil à Internet, une autonomie plus importante de la batterie, des performances améliorées et la possibilité d’obtenir un portable plus fin.
Les limites des serveurs lames
Mais la bataille autour des processeurs ne se joue pas seulement là : dans les serveurs lames également, la consommation électrique et la dissipation thermique jouent un rôle important. Dell, qui s’est lancé dans les premiers sur le créneau, connaît également ce problème et vient de mettre en garde sur les limitations que la firme pourrait rencontrer et qui induiraient un rétrécissement de son marché. « Il s’agit d’une technologie superbe », a indiqué le directeur des opérations de Dell, Kevin Rollins, à l’occasion d’une conférence d’Information Week. En fait, Dell se trouve confronté au problème du refroidissement de ses serveurs, alors que de nouvelles générations de processeurs plus puissants arrivent sur le marché. Plus précisément, les actuels serveurs lames de Dell, les PowerEdge 1655MC qui tournent sur Pentium 3 à 1,4 GHz, pourraient avoir du mal à embarquer la génération des Itanium 2, qui chauffent un peu trop. « Dans de tels cas, la chaleur dégagée pourrait créer des problèmes pour les systèmes de serveurs lames. Il n’y a pas de solution simple à ce problème. Cela reviendrait cher de ventiler et de refroidir ces systèmes qui sont déjà très denses. De sorte que le marché des serveurs lames pourrait être plus restreint que nous le pensions », a indiqué en substance le responsable de Dell. Et surtout, il se pourrait que Dell y trouve une forte concurrence (voir édition du 26 novembre 2002) : IBM doit présenter dans quelques jours un serveur lame tournant sur PowerPC 970, une puce qui pourrait dégager près de trois fois moins de chaleur que les processeurs d’Intel ! Du coup, on perçoit bien les différents fronts sur lesquels Apple et IBM pourraient proposer des alternatives à Intel et à Dell : tous les marchés où le gain d’espace, l’augmentation des performances et la maîtrise de la dissipation thermique s’avèreront des facteurs clés de succès. On ne s’étonnera donc pas de voir Apple favoriser le portable comme outil de travail principal et s’engager plus avant sur le marché des serveurs. Les processeurs que la firme utilise y sont pour quelque chose ! Et la rumeur ajoute à l’expectative : selon le site Macbidouille, une version 64 bits du système d’exploitation d’Apple serait déjà bien avancée, tandis que le processeur serait présenté à la WWDC qui a lieu dans deux mois. Du rififi en perspective au pays des puces !