Les prochains Mac OS sous l’influence de Longhorn ?
Avec Longhorn, Microsoft compte redorer le blason de son système d’exploitation, dont l’image a été fortement mise à mal par les problèmes de sécurité. Soutenu par un courant sécuritaire américain, le prochain Windows doit poursuivre l’intégration des logiciels maison. Apple et la concurrence peuvent-ils résister à cette vague ?
« C’est un gros pari pour nous. Nous ne connaissons pas le calendrier exact. Nous nous engageons dans de nombreuses années de travail », a indiqué Bill Gates à propos de la prochaine version de Windows, nom de code « Longhorn », aux analystes venus l’interroger à l’occasion de la présentation des résultats financiers de Microsoft la semaine dernière. Longhorn (voir édition du 6 mai 2003) est surtout un coup de force de Microsoft pour pousser ses utilisateurs à la mise à jour de leur système, après les résultats plutôt décevants de Windows XP. Le prochain système doit relancer le fonctionnement du tiroir-caisse de la société et régler quelques questions de fond retenues par les dirigeants de la société et soutenues par un fort sentiment sécuritaire américain : la sûreté et la stabilité ont été mises au premier plan. Ce qui risque fort d’énerver les utilisateurs du système d’exploitation de Redmond, et plus encore ceux des autres OS, c’est le nouveau système de fichiers utilisé. Il doit empêcher la sacro-sainte compatibilité ascendante : s’appuyant sur une technologie de base de données, de type SQL Server, il pourrait obliger tous les programmes à être réécrits. L’ogre de Redmond prévoit d’embaucher 5 000 développeurs pour absorber la masse de travail générée. La nouvelle « fonctionnalité » alarme les concurrents du géant de Redmond : Microsoft va-t-il, par ce biais, fermer la porte à la compétition grâce à son contrôle du système d’exploitation, à l’image de ce qu’il a fait avec Netscape ? Déjà, Oracle et IBM poussent à l’utilisation de Linux pour pouvoir continuer à vendre leurs bases de données respectives, particulièrement menacées.
Malgré tout, Longhorn aura sans doute fort à faire avec la concurrence : Sun et Oracle commercialisent déjà une suite bureautique destinée à éloigner les utilisateurs de la vache à lait de Microsoft, Office. Mettre à mal Office, c’est enfoncer une sacrée épine dans le pied de Microsoft. De son côté, IBM continue de jouer à plein la carte de Linux, dont l’interface graphique s’améliore avec le temps. Mais côté convivialité et simplicité d’utilisation, il faudra aussi compter sur les félidés d’Apple (voir édition du 11 avril 2003) : après Cheetah, Puma et Jaguar, c’est Panther qui est attendu avant la fin de l’année (on parle de septembre). Et Apple dispose d’une série de noms commerciaux déposés tels que Lynx, Cougar, Leopard ou même Tiger. Ces futurs systèmes d’exploitation d’Apple renforceront sans doute la collaboration avec les outils de Microsoft (formats de documents Office, compatibilité avec Exchange…).
5 % de clients potentiels
La firme a réorganisé sa direction logicielle dans ce sens, en nommant Avadis Tevanian (voir édition du 21 août 2000), l’architecte de Mac OS X, au poste de responsable des technologies logicielles de la firme. Apple travaille ainsi d’arrache-pied à rendre Mac OS X particulièrement désirable. Il faut dire que Panther, qui n’est pas encore commercialisé, est déjà mis en avant comme le système le plus convivial du marché et a encore le temps d’évoluer d’ici à la sortie de Longhorn prévue pour 2005. Certains commentaires de Microsoft abondent dans le sens de la migration voulue par Steve Jobs. Ainsi du commentaire sur le niveau de plantage quotidien de Windows, qui donne de l’eau au moulin de la Pomme : selon Bill Gates, dont les propos ont été rapportés par le New York Times, 5 % des ordinateurs basés sur Windows plantent plus de deux fois par jour (l’ex-patron de la firme n’a pas donné le ratio d’ordinateurs ne plantant qu’une fois par jour). Ce qui représente au minimum 5 % d’utilisateurs qui peuvent être attirés sur Linux ou sur Mac. Mais Apple saura-t-elle mettre en avant les avantages de ses solutions et jouer sur sa tarification pour attirer de nouveaux clients ? La question est bien là. Car si Microsoft n’est pas toujours tenu en estime pour la qualité de ses technologies, il est respecté en ce qui concerne ses méthodes marketing !