Les producteurs Web veulent faire payer les FAI
Après l’euphorie des start-up, nombre de sociétés de production de contenu pour le Web peinent financièrement. Le modèle économique basé sur la publicité ne fonctionnant pas, elles se tournent vers les agrégateurs que sont les FAI pour trouver des sources de revenus. Leur association « Les Webproducteurs » milite pour l’instauration d’un cadre réglementaire qui pourrait s’inspirer de la production audiovisuelle en France.
Créée en octobre 2000, l’association « Les Webproducteurs » s’emploie à soutenir et mutualiser les moyens de production de programmes pour le Web. Aujourd’hui, l’association – qui regroupe une cinquantaine de sociétés françaises – sert de support à une revendication légitime : la valorisation des contenus en ligne. Passé l’euphorie des start-up et des budgets faramineux accordés par les investisseurs privés, les producteurs pour le Web souffrent financièrement et comptent bien trouver une solution pour ne pas disparaître. Car, en quête de visibilité, nombreuses ont été les sociétés à offrir, ou céder sur le long terme, les droits sur leurs programmes de divertissement aux portails et autres « agrégateurs » de contenus que sont les fournisseurs d’accès (FAI). Habitués à cette production gratuite, les FAI refusent aujourd’hui de payer « alors qu’ils engrangent des bénéfices », estime Frédérique Doumic, porte-parole de l’association. « Les FAI sont en train de récolter les fruits de deux ans de communication. De notre côté, nous n’avons pas les moyens d’attendre un ou deux ans de plus qu’ils se décident à commander de nouveaux contenus. »
Pour les Webproducteurs, la solution serait de demander aux FAI une participation en pourcentage de leur chiffre d’affaires. Frédérique Doumic a bien une « petite idée » de ce pourcentage mais il est encore trop tôt pour en parler. Plus précisément, « la solution la plus simple serait de mesurer le trafic généré par un contenu et de reverser proportionnellement la part qui revient au producteur », estime la porte-parole de l’association. « Il est important de faire prendre conscience que l’internaute va sur le Net pour l’e-mail autant que pour consommer de la musique, des animations, etc. » Des contenus sur lesquels ont joué les FAI pour vanter la qualité de leurs services face à la concurrence. Le fonds ainsi générés seraient gérés par un organisme tiers à l’image de la Sacem pour les musiciens ou la SACD pour les auteurs.
Un modèle économique pour les créateurs de contenus
Ce modèle économique n’a rien d’utopique pour les membres de l’association qui n’hésitent pas à comparer leur situation à celle des producteurs audiovisuels. « Il existe un cadre réglementaire dans lequel les diffuseurs sont obligés d’investir dans la production nationale avec une partie reversée aux auteurs », argumente Frédérique Doumic, « un système qui fonctionne et permet d’entretenir une production nationale. Pourquoi n’existerait-il pas un système similaire pour la production en ligne ? Les FAI ont trouvé leur modèle économique mais pas les auteurs de contenus. » D’ailleurs, aux dires de la porte-parole, certains FAI ne sont pas insensibles à l’argument d’une identité culturelle française sur le Web.
Pour l’heure, l’objectif de l’association est de convaincre les FAI de s’asseoir autour d’une table avec un organisme tiers « qui pourrait être le CNC (Centre national du cinéma, Ndlr)« pour trouver une solution commune. Les Webproducteurs ont déjà le soutien de principe des pouvoirs publics. « Tout ne va pas se faire en deux jours », relativise Frédérique Doumic qui ajoute que « les négociations sont en cours pour organiser les réunions ».