Les réseaux en route vers le tout-optique
L’équipementier Agilent Technologies prépare un prototype de routeur 100 % optique faisant appel à la technologie jet d’encre. Une innovation originale concurrente de Lucent et qui devrait se traduire, à l’avenir, par des économies substantielles.
A l’occasion d’un cycle de conférences Optical Fiber Communications à Baltimore, la filiale Agilent de Hewlett-Packard a présenté cette semaine une technique originale pour concevoir des routeurs 100 % optiques.
Alors que la plupart des routeurs de réseaux en fibre optique font appel à une conversion optique/électrique/optique pour rediriger un faisceau lumineux vers la bonne fibre, différents constructeurs se sont lancés dans une course à l’innovation pour améliorer les rendements de leurs systèmes en évitant cette transformation sur les réseaux à forte capacité.
Ainsi, Lucent a présenté le WaveStar LambdaRouteur, lequel exploite des miroirs microscopiques pour agir sur la trajectoire du faisceau. Ce routeur est capable de prendre en charge un débit maximal par fibre de 40 Gbits/s ou de travailler, avec des débits plus modestes, sur 256 longueurs d’ondes en même temps. Mais surtout, aux dires du constructeur, son procédé 100 % optique (voir édition du 9 novembre 1999) se révélerait jusqu’à 16 fois plus rapide qu’avec une conversion électrique traditionnelle. Les autres avantages concerneraient la facilité de la maintenance ou une réduction significative des coûts grâce à l’absence de composants électroniques. « La technologie des miroirs est déjà exploitée depuis quelques années dans le domaine des mémoires optiques », explique Eric Debiard, responsable des produits réseaux optiques pour Lucent EMEA. Appliquée depuis peu au monde des routeurs, le savoir-faire des ingénieurs a fait des progrès dans le domaine de la stabilité et de la précision, puisque les 256 miroirs orientables cohabitent sur une puce optique dont les dimensions sont inférieures au centimètre.
Agilent Technologies mise pour sa part sur un autre système que les miroirs microscopiques. La société s’est tournée vers des bulles de liquide pour modifier la course du faisceau, en s’inspirant des techniques d’impression à jet d’encre. Prévu pour l’année prochaine, le prototype Photonic Switch Platform sera le premier du genre.
Sur son site, le constructeur explique le système. Le faisceau lumineux en cours de routage est guidé à travers des points d’intersections, où l’on peut commander l’insertion d’une micro-bulle d’encre. Si le signal doit être rerouté, l’apparition de la micro-bulle « déplace le fluide et modifie les propriétés optiques au point d’intersection ». Le pinceau lumineux est dévié et prend le chemin défin. Il suffit de jouer sur la combinaison des bulles. « Ces bulles peuvent être formées et enlevées des centaines de fois par seconde », selon Agilent. Opérationnel en 2001, le procédé serait cousin de celui exploité par l’impression à jet d’encre, qui a fait des progrès spectaculaires, tant en précision qu’en vitesse, en l’espace de quelques années.
Reste que les problèmes de perte de qualité des signaux engendrée par des phases de conversion ou un long trajet parcouru par la lumière continuent d’alimenter les efforts d’autres équipementiers. Ainsi, Alcatel annonce le développement d’une nouvelle gamme de « pompes » laser pour amplifier le signal et le transmettre sur de très longues distances (jusqu’à 3 000 kilomètres) en minimisant la perte d’information. De son côté, la jeune société américaine LaserComm poursuit ses travaux sur une technologie baptisée Spatial Mode Transformation (voir édition du 28 septembre 1999) pour éviter le recours aux amplificateurs le long d’un réseau de dimension internationale.
Pour en savoir plus :
* Agilent