Les TIC vues par Ségolène Royal : ‘La démocratie participative passe par le Net’
Vincent Feltesse, conseiller TIC de la candidate PS à l’élection
présidentielle, aborde les principaux thèmes numériques.
Vnunet.fr : Quelles mesures TIC adopteriez-vous pour l’Education nationale ?
Vincent Feltesse : Selon l’expression que nous utilisons; nous voulons revoir le logiciel de l’Education. C’est à dire qu’il y a une nécessité d’une réforme dans ce domaine. Nous disposons d’un levier d’actions fondamentales qui est le passage au numérique, que ce soit d’un point de vue pédagogique mais aussi dans le cadre d’échanges entre les enseignants. Nous évoquons aussi l’idée d’un Wikipédia de l’Education nationale.
Vnunet.fr : Nicolas Sarkozy évoque l’idée d’initier les élèves à la programmation?
Vincent Feltesse : Je pense qu’il se trompe. C’est une vision passéiste des nouvelles technologies. L’objectif n’est pas de transformer les élèves en programmeurs HTML. Le plus important est de savoir est de fournir aux élèves des repères afin qu’ils se repèrent dans le foisonnement d’informations accessibles sur Internet. Les élèves sont apprennent à décrypter un texte, à maîtriser des formules rhétoriques, à utiliser un dictionnaire. Aujourd’hui, ils doivent apprendre à savoir utiliser le Net, sa richesse, son foisonnement, ses logiques mais aussi ses
risques.
Vnunet.fr : Un point rapide sur les débats chauds liés à la propriété intellectuelle : si Ségolène Royal devient Présidente, comptez-vous remettre en cause la loi DADVSI et supprimer la toute fraîche Autorité de régulation des mesures techniques ?
Vincent Feltesse : Ségolène Royal s’est exprimée sur la nécessité de réaménager la DADVSI. Avec le recul de plus d’un an, on se rend compte que le bilan est très négatif. Cette loi n’a rien protégé du tout. Il suffit de regarder l’état du marché du disque qui continue de s’effondrer? Les positions des majors sur les DRM sont en train d’évoluer. Ce réaménagement concernera bien sûr l’Autorité de régulation des mesures techniques. Plus largement, dans le cadre de l’instauration de la Nouvelle république prônée par notre candidate, nous mettons en avant la nécessité de mettre en place de véritables autorités de régulations disposant d’une certaine capacité d’actions et libérées des pressions exercées par le pouvoir politique. Je pense bien sûr au CSA, à la CNIL?Nous défendons l’idée d’un regroupement de plusieurs autorités de régulation.
Vnunet.fr : Vous êtes très attendu sur le volet de la licence globale?
Vincent Feltesse : Ségolène Royal ne s’est jamais réellement exprimé en faveur de l’application stricto sensu de la licence globale. Dans son dernier ouvrage Maintenant, elle revient sur le sujet. Nous savons ce qu’il ne faut pas faire. Le bilan de la DAVDSI nous l’indique. Nous savons aussi la direction, probablement une palette de solutions : pourquoi pas un bout de cotisation pris sur les FAI, un bout de rémunération directe auprès des auteurs, etc. C’est un sujet à tâtonnement. Il ne pourra se faire sans mettre autour de la table, de manière sereine, tous les acteurs. Les esprits ont mûri et des points de convergences apparaissent.
Vnunet.fr : Concernant la gouvernance Internet, qui doit contrôler le Net ?
Vincent Feltesse : Nous considérons qu’Internet est un bien public mondial. Il n’est donc pas possible que le contrôle de cette ressource soit concentré dans un seul pays, les Etats-Unis, ou au sein d’une structure privée comme l’Icann. Cependant, le fonctionnement de la toile nécessité d’inventer de nouvelles formes de gouvernance. Nous ne pouvons nous contenter des organes de régulation classiques inventés en 1945. Deux idées nous guident dans cette nouvelle gouvernance. D’abord, la nécessité, d’agir en amont sur les cadres juridiques nationaux autour des quelques principes fondamentaux que sont l’interopérabilité, l’ouverture et la neutralité. Ensuite, en mettant en place des organismes privilégiant la co-régulation. Le Forum des droits de l’Internet en France ou l’Internet Gouvernance Forum au niveau mondial sont des modèles émergents qui semblent pertinent. Enfin, il faut que la France soit plus présente dans les débats au niveau de la Commission européenne.
Quelques liens connexes pour connaître le programme numérique de Ségolène Royal |
– Le rapport de Michel Rocard sur les enjeux du numérique à télécharger (fichier PDF)
– Tribune sur le Journal du Net : » Je suis la candidate de l’innovation et des libertés numériques » – Contribution de Ségolène Royal sur le logiciel libre et sujets afférents sur Candidats.fr (April) en fichier PDF |