Les utilisateurs de Kazaa sont aussi des consommateurs de musique légale

Mobilité

Plus des deux tiers des internautes américains qui téléchargent illégalement de la musique en ligne sont aussi des consommateurs ? légaux ? de disques, selon un sondage Nielsen NetRatings. De quoi remettre en cause les affolements des majors de l’industrie musicale.

Voilà un sondage qui pourrait faire réfléchir l’industrie musicale sur ses comportements face aux amateurs de fichiers MP3 illégaux. Selon l’institut de sondages Nielsen NetRatings, 71 % des amateurs de téléchargements illégaux (les internautes américains qui ont téléchargé gratuitement de la musique au cours des trente derniers jours) ont acheté des disques dans les trois derniers mois. L’institut estime à 22 % des internautes, soit 31 millions de personnes, la part des habitués des logiciels d’échange de fichiers comme Kazaa, Morpheus, eDonkey, etc. Soit plus d’un cinquième des internautes. Le sondage ? et c’est là surtout son objet ? précise les genres musicaux les plus téléchargés. Le rap arrive en tête devant la Dance/club et le rock alternatif. D’autres part, Los Angeles, New York, Dallas, Boston et Houston sont les villes d’où l’on télécharge le plus.

Interpeller l’industrie musicale

Ces données qui devraient interpeller les maisons de disques et, particulièrement, la Recording Industry Association of America (RIAA) qui représente les intérêts de cette industrie. La RIAA clame depuis des mois que le chiffre d’affaires de ses membres baisse à cause du phénomène du peer-to-peer (P2P). Au regard du sondage Nielsen NetRating (mais qui reste un sondage avec ses marges d’erreur et de plus limité au seul territoire américain), et sans nier le phénomène de l’échange illégal de titres musicaux, il semble que les amateurs de P2P soient également des consommateurs actifs ? et légaux ? de produits musicaux. Il est donc un peu simpliste (mais tellement arrangeant) d’attribuer intégralement les mauvais résultats financiers de l’industrie musicale américaine à Internet.

D’autre part, les 31 millions estimés d’amateurs de téléchargement de MP3 représentent une masse trop grande pour être gérable individuellement. Notons au passage que l’estimation de Nielsen NetRatings est deux fois moindre que celle de BigChampagne (voir édition du 2 avril 2003). Bref, plutôt que de poursuivre en justice les internautes, la RIAA devrait peut-être les choyer. Notamment en invitant ses membres à proposer des produits plus attractifs économiquement. Les titres vendus moins de 1 dollar sur le récent iTunes Music Store d’Apple ne sont peut-être pas étrangers à son foudroyant succès (voir édition du 6 mai 2003).