En cette fin d’année, à l’heure des bilans, personne ne contestera qu’un des événements marquants de l’année 2003 aura été la déclaration de guerre faite à Linux par SCO Group. Car cette offensive juridique concerne, outre les parties impliquées, l’ensemble du mouvement Open source, SCO contestant la validité juridique de la licence dite GPL (General Public License) qui définit un cadre d’utilisation des logiciels libres. Il y a deux mois, l’éditeur soutenait même que la licence GPL violait la constitution américaine, sur le terrain du droit d’auteur et de la régulation antitrust notamment (voir édition du 29 octobre 2003). C’est dire l’importance de cette affaire dont les rebondissements rythmeront sans nul doute l’année 2004. En attendant, SCO Group ne relâche pas la pression et se focalise sur les entreprises, envoyant plus de 3 000 lettres non seulement à des entreprises mais également à des universités ou à des organisations non commerciales, toutes détentrices de licences Unix. Cette lettre leur enjoint d’apporter dans les trente jours la preuve qu’elles ne violent pas les termes de leurs licences Unix, en utilisant le système d’exploitation Linux, lequel contiendrait, aux dires de SCO, des portions de code provenant d’un des noyaux d’Unix dont il détient les droits.
Novell s’invite dans l’imbroglio
Ce n’est pas la première fois que SCO s’en prend aux utilisateurs de Linux. Mais jusqu’à présent, l’éditeur avait limité ses tentatives d’intimidation aux seules entreprises, leur proposant de régulariser leur situation en souscrivant une licence d’utilisation du système d’exploitation libre, instaurée par ses soins (voir édition du 3 septembre 2003). Or cette stratégie d’intimidation n’a manifestement pas porté ses fruits, d’autant moins que les principaux fournisseurs de suites Linux ou de serveurs équipés de Linux, tels HP ou IBM, se sont engagés à indemniser leurs clients dans l’hypothèse où ils feraient l’objet de poursuites judiciaires (voir édition du 24 septembre 2003). De fait, aucune étude de marché ne signale le moindre fléchissement dans l’adoption de Linux par les entreprises, bien au contraire (voir édition du 26 novembre 2003). Il est vrai que SCO n’a jamais apporté de preuves à ses allégations. C’est sans doute pourquoi, cette fois-ci, l’éditeur a adjoint à sa lettre une liste de 71 fichiers provenant du noyau de la version 2.4.21 de Linux, que l’on retrouve, affirme-t-il, à l’identique dans le noyau Unix de SCO Group. Ce que dément formellement Linus Torvald, le père du noyau Linux. Enfin, outre cette campagne visant les utilisateurs de Linux, des éléments nouveaux susceptibles de modifier le fond de l’affaire se sont faits jour. Novell, auquel SCO a acheté en 1995 les technologies Unix litigieuses et qui a récemment acquis un distributeur Linux (voir édition du 5 novembre 2003), affirme depuis peu qu’il détient toujours le copyright sur Unix. Il y a quelques mois, Novell avait déjà fait des déclarations allant en ce sens (voir édition du 2 juin 2003). Si cela s’avérait, c’est toute l’argumentation de SCO qui en serait ruinée.
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