L’Etat du Massachusetts franchit le pas des formats ouverts

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En choisissant le format OpenDocument, le Massachusetts dit adieu à Microsoft et Office 12.

C’est le vendredi 9 septembre que s’achèvera la consultation du document de travail, mis en ligne par l’Etat du Massachusetts, qui décrit sa volonté de quitter le monde des formats informatiques propriétaires au profit des formats ouverts. Fin août, le Massachusetts a annoncé qu’au 1er janvier 2007, ses différents services informatiques travailleront sur la base du format OpenDocument (ratifié par l’organisme de certification OASIS) pour les applications et documents (textes, feuilles de calcul, graphiques, présentations, dessins), le PDF pour les documents statiques, le HTML 4.01 et le texte brut. « Pour assurer le maximum d’interopérabilité, il est recommandé que les extensions propriétaires de tout format XML soient évitées », souligne notamment le document de travail en question.

A travers cette décision, le Massachusetts perd un fournisseur de taille : Microsoft. En effet, le futur format XML de la suite bureautique Office 12, attendue au mieux en 2006, ne correspond pas aux attentes du Massachusetts. « Les applications bureautiques qui supportent OpenDocument et le PDF sont acceptables, les formats propriétaires XML de Microsoft ne le sont pas », a notamment déclaré Eric Kriss, secrétaire à l’Administration et aux Finances de l’Etat américain. Une décision prise après 18 mois de réflexions et de débats. Un revirement de dernière minute serait donc étonnant.

Garantir un droit d’accès libre et sécurisé

Pour le Massachusetts, ce choix est stratégique. L’idée sous-jacente est d’assurer une parfaite interopérabilité dans le traitement des informations, quelles que soient les applications qui les supportent et dans le temps, afin de garantir un droit d’accès libre aux habitants de l’Etat. « Quand l’information et les données sont vues comme un bien et une ressource publique stratégique, cela peut aider l’Etat à mieux servir ses administrés, à améliorer l’intendance des dépôts publics présents et à venir, et à appliquer des protections appropriées aux informations quel que soit le lieu de leur stockage », explique le projet. « Une meilleure interopérabilité des données et de leur gestion favorisera une meilleure gouvernance des technologies de l’information tout en améliorant la qualité et l’accès à l’information et aux services. »

Pour le Massachusetts, le XML à la sauce Microsoft ne répond pas à ce besoin d’interopérabilité essentiellement pour des raisons de brevets. La licence XML proposée par Microsoft ne permettrait pas de développer des applications sous licence libre (GPL) capables de lire le format de l’éditeur. Un fait inacceptable pour l’Administration du Massachusetts. Sans parler des conflits juridiques que les brevets sur les logiciels sont susceptibles de créer.

Incompatible avec les versions antérieures

De son côté, Microsoft estime que OpenDocument ne permettrait pas de lire les formats des anciennes versions d’Office. De plus, l’éditeur de Windows affirme que OpenDocument ne sait pas véritablement gérer les données à caractère multimédia (images, audio, diagrammes, cartes, voix, etc.). Lors de négociations avec Microsoft, Eric Kriss aurait invité l’éditeur à implémenter les outils qui permettraient de lire OpenDocument dans Office 12. Apparemment sans succès. Pour l’heure, le dialogue entre les deux parties est donc rompu.

La décision du Massachusetts n’est pas anodine et pourrait porter à conséquence, notamment sur la stratégie de Microsoft. En faisant le choix des formats ouverts, cet Etat cherche à garantir une interopérabilité de ses documents au sein de son territoire mais aussi avec les administrations voisines, voire à une échelle internationale. Et cette volonté de garantir l’accessibilité inaliénable des documents électroniques, indépendamment de la technologie d’un éditeur, pourrait faire tâche d’huile aux Etats-Unis et dans le monde entier.