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L’Europe, principal promoteur du grid computing

Oracle rejoint un programme du CERN, organisation européenne dédiée à la recherche nucléaire, portant sur la création d’une grille de calcul (grid computing) pour le Large Hadron Collider (LHC), l’accélérateur de particules le plus performant de la planète, actuellement en construction. Cette grille de calcul, également appelée LCG pour LHC Computing Grid, reliera les détecteurs du LHC et à près de 10 000 scientifiques des particules, ainsi que des dizaines de milliers d’ordinateurs à travers le monde, cet ensemble constituant ce que le CERN appelle un « laboratoire ouvert ». Cette infrastructure de grid computing sera utilisée pour analyser les données produites par le LHC. Des pétaoctets de données concernant des collisions de particules seront de cette façon passées au crible, à la recherche d’indices sur les origines de l’univers. Le programme auquel Oracle participe, qui s’intitule « CERN laboratoire ouvert pour les application du DataGrid », implique déjà des fournisseurs informatiques tels qu’Enterasys Networks, HP, IBM et Intel. La contribution d’Oracle consiste à allouer un budget de 1,5 million d’euros sur trois ans, sous la forme d’équipements et de financements de jeunes chercheurs du CERN qui testeront la plus récente version de sa base de données, Oracle 10g.

Problèmes techniques

L’implication d’Oracle dans un tel projet n’a rien d’étonnant, l’éditeur ayant proclamé, après IBM (voir édition du 26 septembre 2003), HP ou Sun Microsystems, son ralliement au concept de grid computing à l’occasion du lancement d’Oracle 10g. Pour ces fournisseurs, le grid computing, bien que conçu à l’origine pour répondre aux besoins des chercheurs en matière de calculs scientifiques, peut être utilisé avec profit par les entreprises dans le but d’optimiser la gestion de leurs ressources matérielles. L’idée est de virtualiser les ressources de calcul et, par le truchement d’une grille de calcul, de les fédérer et ainsi de les voir comme une seule machine. Mais ces fournisseurs reconnaissent eux-mêmes que la route est longue avant de traduire cette vision dans la réalité quotidienne des entreprises. De nombreux problèmes techniques, concernant par exemple la sécurité et l’administration de ces grilles, ne sont pas résolus (voir édition du 12 septembre 2003). D’où l’intérêt pour eux de participer à des expérimentations comme celle menée par le CERN. Faut-il rappeler que cet organisme de recherche, bien que spécialisé dans la physique des particules, a à son actif quelques innovations majeures en matière d’informatique, à commencer par le World Wide Web ? Cette annonce est également l’occasion de souligner le rôle joué par les institutions européennes pour développer les usages du grid computing. A ce sujet, un récent article publié dans le New York Times souligne l’avance de l’Union européenne dans ce domaine par rapport aux Etats-Unis.

Dynamisme européen

D’une manière générale, l’article observe que les institutions politiques européennes réussissent mieux que leurs homologues américaines à créer les conditions favorisant la traduction des innovations techniques en avantage économique, et ce alors que ces innovations sont issues de laboratoires d’entreprises ou d’universités américaines. Et de citer l’exemple de la téléphonie mobile qui, bien qu’étant une invention américaine, s’est implantée plus rapidement dans l’Union européenne car cette dernière a su imposer un standard unique, le GSM. L’histoire semble se répéter avec le grid computing. Alors que l’agence gouvernementale américaine National Science Foundation, dans un rapport rendu public en février, en est encore à exhorter les autorités fédérales américaines à coordonner des projets de grid computing, l’Union européenne, de son côté, passe à l’acte et finance des projets d’envergure. Rien qu’en 2004, deux projets seront ainsi menés  : l’un, intitulé EGEE (Enabling Grids for E-Science and Industry in Europe), vise à déployer la plus grande infrastructure de grid computing au monde, impliquant plus de 70 institutions européennes et fournissant une puissance de calcul équivalente à celle de 20 000 PC. Le second, mené sous l’égide du CNRS, vise à interconnecter sept supercalculateurs. Et cette politique porte ses fruits, en incitant des grandes entreprises européennes à déployer à une large échelle des infrastructures de grid computing. Le New York Times prend l’exemple du groupe pharmaceutique suisse Novartis qui va relier dans un premier temps 2 700 PC et envisage à terme d’intégrer dans la grille les 70 000 PC du groupe.

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