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Libye : Bull veut se débarrasser du logiciel Eagle d’Amesys

Le « Printemps arabe » fait encore des dommages collatéraux, notamment du côté de Bull.

Dans un communiqué, le groupe IT français (serveurs, infrastructures critiques, supercalculateurs…) a signé « un accord d’exclusivité pour négocier la cession des activités de sa filiale Amesys (sécurité) relatives au logiciel Eagle, destiné à construire des bases de données dans le cadre d’interception légale sur internet ».

Motif invoqué : « Cette activité n’est pas stratégique pour le Groupe Bull qui souhaite se concentrer sur son expertise en matière de systèmes critiques électroniques et en particulier sur les domaines concernant la protection des personnes et du territoire. » Une activité qui ne pèserait moins de 0,5% du chiffre d’affaires du groupe. »

Fin de la polémique ? En septembre 2011, Amesys, la branche sécurité du groupe IT français (serveurs, infrastructures critiques, supercalculateurs…), s’est retrouvé sous le feu des projecteurs à son insu.

En effet, en 2007, un contrat a été avec les autorités libyennes pour équiper un centre de surveillance des communications électroniques situé dans la capitale Tripoli.

La signature de cet accord sensible est intervenu alors que l’on observait une certaine détente des relations diplomatiques entre la France et la Lybie (rappelez-vous, la visite du colonel Kadhafi à Paris qui s’est déroulée fin 2007).

Ce centre de surveillance informatique servait notamment à mettre sur écoute les échanges électroniques (tchat, e-mails,…) des opposants au régime du général Kadhafi.

Bull a bien confirmé l’existence d’un tel contrat entre la Libye et Amesys depuis 2007.

Mais il a été conclu avant le rachat de la société experte en sécurité par Bull (le rapprochement s’est concrétisé courant 2010).

Pour autant, Amesys dément toute participation à l’entreprise de surveillance généralisée exercée par le colonel Kadhafi qui était à la tête d’un régime autoritaire et qui réprimait sévèrement toutes velléités d’opposition.

Le fournisseur de solutions de sécurité a précisé que le matériel d’analyse fourni, basé sur la technologie « Eagle System », « n’incluait ni les communications Internet via satellite (utilisées dans les cybercafés), ni les  données chiffrées (type Skype), ni le filtrage de sites Web. Le matériel utilisé ne permettait pas non plus de surveiller les lignes téléphoniques fixes ou mobiles. »

Le monde politique avait commencé à monter au créneau.

Ainsi, le député PS Christian Paul voulait faire la lumière « sur le rôle de l’Etat français dans la vente et l’emploi d’armes technologiques destinées à la surveillance de l’internet en Libye ».

En octobre 2011, la Fédération internationale des ligues des Droits de l’Homme (FIDH) affichait sa volonté de déposer plainte pour complicité de torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants contre la société spécialisée dans le conseil en défense et sécurité.

Encore récemment, Philippe Vannier, P-DG de Bull (et ex-dirigeant d’Amesys), précisait à Reuters que ce contrat avec la Libye « avait été signé en 2006 après avoir été jugé conforme aux règles éthiques du groupe ».

Visiblement, Bull est à court d’arguments et préfère tourner la page.

Crédit photo : © Man in black-Fotolia.com

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