L’Icann piétine : pourquoi ?
A l’issue de la réunion de l’Icann (Internet corporation for assigned names and numbers) à Yokohama, on attendait l’annonce de nouveaux noms de domaine génériques, en plus des « .com » et autres « .net ». Malheureusement les problèmes d’organisation interne de ce « gouvernement d’Internet » semblent avoir pris le dessus. Finalement, seul un calendrier a été dévoilé.
« Une fois de plus, nous mettrons plus de temps que prévu », explique Géraldine Capdeboscq, membre du Comité de direction de l’Icann depuis la création de ce « gouvernement de l’Internet » (voir édition du 8 mars 1999). « Personnellement je n’ai pas pu me rendre au meeting de Yokohama, mais j’ai suivi les débats… par l’intermédiaire d’Internet bien sûr. Il est clair que les élections mobilisent toute notre énergie », avoue-t-elle (voir édition du 3 juillet 2000).
Après quatre jours de débat, la question qui taraude les internautes et toute personne susceptible d’enregistrer un site concerne l’ouverture de nouveaux noms de domaine génériques. En clair, l’apparition de nouveaux suffixes différents des nationaux comme .fr ou .us et qui s’ajouteront aux 7 actuels : .com, .net, .org, .edu, .gov, .int et .mil. Aujourd’hui, l’Icann ne donne qu’un calendrier. A partir du 1er août, elle notera les propositions des « registrars », qui devront verser 50 000 dollars (environ 350 000 francs) pour couvrir les frais d’examen du dossier. Le dépôt des propositions sera clos le 1er octobre, date à partir de laquelle l’Icann prendra connaissance des commentaires publics. L’organisation laissera quinze jours pour réagir aux propositions de nouveaux suffixes dont les dossiers seront en ligne sur son site. Suivra une période de négociation entre l’Icann et les auteurs des propositions qui s’étendra du 20 novembre au 31 décembre. Ce n’est donc qu’au début de l’année 2001 que seront définitivement fixés les nouveaux noms de domaine génériques.
Depuis plusieurs mois on parle de noms de domaine en « .shop », « .museum », « .sex » ou encore « .airline », mais leur apparition reste hypothétique. « On estime généralement entre 6 et 10 le nombre de nouveaux noms de domaine génériques que l’Icann pourrait valider » constate Géraldine Capdeboscq. « Mais cela ne correspond finalement qu’à la technologie disponible. Il faut garder à l’esprit que les enjeux sont considérables. Nous cherchons à gérer l’évolution d’Internet en créant de la concurrence et de l’ouverture ».
Géraldine Capdeboscq poursuit : « Les problèmes de juridictions sont très complexes. Ainsi nous devons faire face à des conflits géographiques, par exemple aujourd’hui la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane et les Terres Australes ne sont pas du ressort de la France. Nous devons éclaircir ce point. De même la question du fameux « .eu » a longtemps été évoquée. Si les européens s’accordent tous sur l’intérêt de sa création, les américains sont bien évidemment réticents ».
Quand organiser une démocratie à l’échelle locale est une gageure, la mettre en place au niveau d’Internet demande bien du temps. « L’Icann est une organisation publique, nous cherchons à la rendre la plus transparente possible, mais nous devons faire face à de nombreuses contradictions. Dans la jungle actuelle nous n’en sommes malheureusement qu’aux balbutiements », conclut Géraldine Capdeboscq.
Pour en savoir plus : Le site de l’Icann