Liens sponsorisés : Comment Google aborde le problème de la fraude au clic
Le responsable Monde de Google en charge de ce sujet sensible décrit une
approche « scientifique » fondée sur « l’analyse statistique ». Mais cela va plus
loin?
Dans l’esprit de la Click Quality Team, ce système de filtrage a pour objectif de discerner les cas réels de clics frauduleux des cas de clics » douteux » davantage liés à un problème de fonctionnement technique du côté des annonceurs (notamment en lien avec leurs propres outils d’analyse de l’audience ou de mesure de performances des campagnes). Ainsi, des clients annonceurs peuvent parvenir à des conclusions hâtives et erronées de cas de clics frauduleux.
Shuman Gosemajumder met en avant le cas classique de l’analyse des logs d’un éditeur. Par exemple, si un internaute se rend sur un site de vente de fleurs à partir d’un lien AdWords qui s’affiche sur une page de résultats de Google, un premier clic sera légitimement comptabilisé. Mais, si le visiteur entre en profondeur dans le site marchand en visitant les fiches produits fleur par fleur et effectue un va-et-vient systématique sur la page d’accueil du site par le biais de la fonction « page précédente » de son navigateur, l’exploitant du service peut recenser dans ses logs autant de clics Google Adwords que de pages produits visitées sur le site.
« Nous arrivons à une erreur fondamentale d’analyse des logs mais ce n’est pas un cas de clics frauduleux »‘, commente Shuman Gosemajumder. Pour contrer cette illusion de clics AdWords perpétuels, Google propose à ses annonceurs une fonction « auto-tagging », un champ spécifique à placer dans les balises HTML du site afin d’éliminer cet élément trompeur.
Recours au data mining
Mais, parallèlement aux erreurs d’analyses de la part des annonceurs, Google confirme qu’il prend très au sérieux le phénomène de fraude au clic, que ce soit des cas isolés ou des affaires plutôt liées au crime organisé.
Shuman Gosemajumder reste très discret sur l’ampleur du phénonème qui serait difficile à mesurer et sur les sources géographiques de ses détournements. « Nous prenons en compte plusieurs centaines de critères et exploitons des outils de data mining développés en interne pour lutter contre les clics frauduleux » , révèle Shuman Gosemajumder.
Là encore, le représentant de Google reste discret sur le type de données recueillies et la manière dont les éléments sont exploités dans le cadre d’une investigation. Mais il est clair qu’il existe une task-force au sein de la Click Quality Team, comprenant des développeurs chevronnés et des experts issus du monde du renseignement, pour veiller au grain.
« Nous avons adopté une approche statistique et scientifique pour mesurer et contrer la fraude au clic », souligne Shuman Gosemajumder. La priorité étant de détecter rapidement les cas réels de fraudes et de protéger les clients annonceurs.
Google n’accorde aucun crédit à l’étude Outsell
A ce propos, Shuman Gosemajumder rejette catégoriquement les conclusions d’une étude américaine du cabinet Outsell diffusée en juillet dernier. Ce rapport évaluait à environ 15% le taux de clics frauduleux sur les programmes de liens sponsorisés exploités par des acteurs du search engine marketing comme Google, MSN ou Yahoo. Un rapport qui avait fait du bruit compte tenu du niveau alarmant d’irrégularités présumées.
Mais cette vision du marché est balayée par Shuman Gosemajumder. » L’étude d’Outsell repose sur un panel d’annonceurs interrogés qui ont donné leur propre évaluation de clics frauduleux. J’estime que ce type d’approche n’est pas crédible car non scientifique », assène le « Monsieur Anti-fraudes aux clics » de Google. Le sujet est décidemment sensible au sein de Google. Sans doute parce qu’il touche tout simplement à son core business.