VNUnet : Qu’est ce qui vous a poussé à devenir incubateur ?
Patrick Le Granché :
Dans notre métier de Business Angel, on se heurte au problème de la dispersion géographiques des entreprises. Et on supporte des risques élevés. Définir l’activité d’incubateur ? Le terme est un peu galvaudé : cela va de la « super pépinière » d’entreprises avec des mises à disposition de moyens et du financement jusqu’à l’activité spécialisée d’investissement en phase d’amorçage avec, en plus de cette partie de financement et de la mise à disposition de bureaux et d’ordinateurs, une prestation de conseil et de formation. Concrètement, Premiers Pas intervient au stade du projet, c’est-à-dire au moment où les entrepreneurs arrivent avec une idée sur un bout de papier. Etre incubateur nous permet de mutualiser les risques et les moyens et de jouer collectivement plus d’argent sur plus de dossiers. Aussi, Premiers Pas se présente donc comme une société de capital risque qui regroupe un pool de 7 Business Angels et une couche d’entreprises. Les Business Angels investissent des fonds à titre personnel et de grands groupes comme Alcatel qui créée à l’occasion son premier fonds, la Caisse des Dépôts et Consignation (CDC-PME), EDF-GDF et la Cogema font intervenir leurs fonds d’investissements. En plus du capital et de la structure de travail – locaux, réseau et matériel informatique, secrétariat, suivi administratif complet, prise en charge des aspects juridiques – Premiers Pas apporte l’expérience.
VNUnet : Sur quels critères sélectionnez-vous les dossiers ?
Patrick Le Granché :
L’équipe, l’équipe et encore l’équipe. Puis venir à Cherbourg : si les porteurs de projets ne veulent pas venir se faire incuber un an dans la Manche alors ils ne nous intéressent pas ! Cet effort d’adaptation nous aide à mesurer leur motivation. Et puis comme Premiers Pas a pour vocation d’accueillir pendant un période variant de neuf mois à un an des jeunes entrepreneurs porteurs d’un projet sur le secteur de la high- tech, ils doivent donc s’installer dans nos locaux… Et déménager. Sur place, une équipe de Business Angels les aide à plein temps à lancer leur entreprise et délivrent des conseils d’experts dans les domaines juridiques et fiscaux, de la technologie des réseaux, de la communication et de la presse, du marketing, du management, etc. Cette équipe d’investisseurs privés se compose d’un noyau dur de quatre personnes. De plus, afin que les créateurs puissent se consacrer exclusivement à leur projet, Sylvie Le Granché prend en charge l’administration juridique et comptable de l’entreprise. Bref, rien ne peut distraire ces jeunes dirigeants de leurs projets.
VNUnet : Mais pourquoi avoir choisi Cherbourg ? Vous as-t-on encouragé à le faire ?
Patrick Le Granché :Oui, les collectivités locales ainsi que Bernard Cazeneuve, député PS de La Manche, nous ont encouragé et soutenu. Les collectivités locales nous ont aidé à lever les fonds auprès d’Alcatel,
de la Cogema et de la CDC-PME. C’est vrai, il y a une dimension originale dans notre incubateur qui est une volonté d’aménagement du territoire. Premiers Pas veut prouver qu’on peut créer une nouvelle économie sans être obligatoirement dans les grandes métropoles. C’est aussi un défi pour la région comme pour les gens qu’on va incuber : on est sur un bassin d’emploi un peu difficile ? avec l’industrie du nucléaire ? et qui a besoin d’une cure de jouvence. Cherbourg réclame des actions qui se contentent de cet environnement. Un serveur Web suffit ! Avec Internet, on est en contact avec le monde entier à partir de n’importe où…
VNUnet : Combien comptez-vous investir et de quelle façon ?
Patrick Le Granché :Premiers Pas fournit son support financier et technique en contrepartie d’une participation au capital des sociétés hébergées en son sein. L’objectif est de passer le relais ? techniquement parlant car Premiers Pas reste dans le capital des sociétés incubées ? à nos amis les « capitaux risqueurs » afin qu’ils financent le développement jusqu’à l’introduction en bourse. Pour le moment, nous disposons d’un fonds de 7 millions de francs et schématiquement, nous investissons environ un million de francs par dossier. Depuis le mois dernier, Premiers Pas incube la start-up Waterlitz.com, spécialisée dans la formation à distance par visioconférence, de langues étrangères, et Placedusport, une start-up qui monte un site Web d’e-commerce faisant la promotion des sports rares. C’est-à-dire les sports qui ne sont pas médiatiques comme le badminton, les fléchettes, le curling, etc. Autre projet en cours ? Une start-up plus orientée technologie. D’ici la fin de l’année, Premiers Pas aura accueilli sept projets supplémentaires. A cet effet, un nouveau tour de table de 40 millions de francs s’organise pour la structure de « capital risque ».
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