Kalisto mis en liquidation judiciaire en avril 2002, Cryo qui vient de déposer son bilan après avoir arrêté les activités de sa filiale Cryonetworks cet été, les titres boursiers d’Infogrames et Ubi Soft qui ont perdu plus de 10 % de leur valeur ces dernières semaines, et la filiale jeux vidéo de Vivendi Universal qui pourrait subir les conséquences des mauvaises affaires de sa maison mère… Encore ne s’agit-il que des sociétés les plus médiatiques qui font travailler nombre de studios de création et de développeurs indépendants. Malgré la présence de trois consoles de jeux sur le marché (PlayStation 2 de Sony, Xbox de Microsoft et GameCube de Nintendo), le jeu vidéo est en crise. Et en dépit de la french touch reconnue et appréciée internationalement, la France n’échappe pas à la crise.
C’est en tout cas le point de vue de l’industrie française du jeu vidéo qui vient de se réunir pour tenter de trouver une solution à cette « crise sans précédent ». « Toutes les trois semaines depuis plus d’un an, une société du secteur a été contrainte de déposer son bilan et plusieurs milliers d’emplois sont menacés. Des sociétés pionnières sont d’ores et déjà mortes dans une indifférence presque totale et, si rien n’est fait dans les semaines qui viennent, d’autres vont suivre inexorablement jusqu’à l’extinction de cette voix originale de la créativité française », lit-on dans leur déclaration. Et, selon ce groupement d’éditeurs, de créateurs et de joueurs français réunis en « Etats Généraux du Jeu Vidéo Français », la solution passe par l’intervention de l’Etat. Objectif : « Soumettre aux élus des propositions concrètes propres à remédier d’urgence à la situation actuelle et à construire l’avenir. » Des revendications concrètes
Les propositions tournent autour de quatre points clés : une reconnaissance du jeu vidéo comme un produit culturel « vecteur de propagation de la création française au même titre que le cinéma ou la musique » et, à ce titre, la reconnaissance par l’Administration française du secteur comme une industrie culturelle. Une TVA à 5,5 % au lieu de 19,6 %, dont la différence pourrait être affectée à un fonds de soutien, est l’une des revendications concrètes. Dans la même logique, la deuxième proposition consiste en la création d’un statut particulier, avec baisse des charges sociales, du créateur de jeux vidéo.
La troisième vise à mettre en place des mécanismes de financement de la production. Les auteurs évoquent notamment les SOFICA pour le cinéma, système d’investissement défiscalisé accessible aux particuliers, notamment. L’accès aux ressources dégagées par la copie privée (taxe encaissée sur les ventes de support d’enregistrement de tout type, ou presque) est un autre axe de financement. Selon les éditeurs, « 30 % des CD vierges servent à copier des jeux vidéo pour un dommage estimé à plus de 45 millions d’euros ». Enfin, dans une vision constructive du futur, le groupement propose de s’inspirer du Québec pour créer un « Pôle de croissance » européen où des mesures fiscales et des conditions attractives favoriseraient l’installation d’entreprises, françaises comme étrangères.
Péril en la demeure
En conclusion, le groupement d’industriels du jeu vidéo souligne l’urgence de la situation et l’importance d’une concertation avec les pouvoirs publics avec l’espoir de provoquer un débat public. Une pétition en ligne a notamment déjà recueilli plus de trois mille signatures. Parmi les signataires, dans la colonne « Sociétés », on y trouve hélas des « ex-Cryo ». Mais aussi un « futur ex-Infogrames ».
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