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L’industrie du jeu vidéo sur la voie de la reconnaissance

« Il est dès lors essentiel que la France ait sa place dans la production de ces univers ludiques, et essentiel que des lieux comme celui-ci proposent à un très large public […] de découvrir cet univers riche et contrasté du jeu vidéo. » A l’occasion de l’inauguration de la Cité numérique du Futuroscope de Poitiers le 19 avril 2003, le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a répondu, plutôt favorablement, aux exigences de l’industrie française du jeu vidéo. A travers l’Apom (Association des producteurs d’oeuvres multimédias), celle-ci avait exprimé ses difficultés à survivre et proposé en conséquence une série de propositions de soutien (voir édition du 11 avril 2003), au premier rang desquelles l’intégration des studios de création de jeux vidéo dans le cadre du Plan innovation proposé par les ministres déléguées à l’Industrie et à la Recherche, Mmes Nicole Fontaine et Claudie Haigneré. Jean-Pierre Raffarin a rappelé que toute société investissant plus de 15 % de ses dépenses dans le secteur de la recherche était éligible au Plan. A ce titre, les producteurs d’oeuvres ludiques numériques de moins de huit ans entrent dans ce schéma puisqu’ils investissent en moyenne 24 % de leurs charges dans la recherche.

Aides et subventions

Concernant la demande de l’Apom de bénéficier des fonds d’aide de l’Anvar (l’Agence française de l’innovation) et du Riam (Recherche et Innovation en Audiovisuel et Multimédia), le Premier ministre a rappelé que « 50 dossiers jeux vidéo ont été aidés sur cinq ans par l’Anvar pour 4,24 millions d’euros » d’une part, tandis que « le Riam a déjà soutenu neuf projets dans le domaine du jeu vidéo, pour un montant d’aide global de 2,4 millions d’euros ». L’inquiétude de l’Apom n’est donc « pas complètement justifiée », a estimé Jean-Pierre Raffarin qui a cependant rappelé qu’un « thème spécifique sur le jeu vidéo est intégré dans le nouvel appel à projets pour 2003 qui sera lancé lors des Journées Nationales du RIAM les 29 et 30 avril prochains ».

En revanche, les créateurs de jeux vidéo vont pouvoir bénéficier du FAEM (Fonds d’Aide à l’Edition Multimédia) qui, à la manière de ce qui se fait avec l’avance sur recettes dans l’industrie cinématographique, apportera des fonds remboursables en cas de succès afin de pouvoir démarrer des projets en quête d’éditeur. Une vingtaine de préproductions vont en bénéficier, à raison de 200 000 euros d’avance chacune grâce à une réserve exceptionnelle de 4 millions d’euros dédiée au jeu vidéo. L’Apom avait également demandé à bénéficier d’aides à l’investissement de proximité. Si le Premier ministre reconnaît la légitimité de la demande, il rappelle que « la mise en place d’un tel dispositif soulève cependant diverses difficultés légales et pratiques qui justifient qu’une réflexion plus approfondie soit conduite pour définir les moyens les plus efficaces d’améliorer l’accès de ce secteur à des financements appropriés ». Et invite Nicole Fontaine à nommer une « personnalité qui aura pour mission d’approfondir la faisabilité du dispositif proposé et d’en analyser la cohérence par rapport à ceux existants pour les autres métiers de l’innovation et de l’image ».

Des réponses « satisfaisantes »

Concernant la reconnaissance de statuts particuliers propres aux employés du secteur du jeu vidéo, et notamment la création de commissions mixtes pour l’étude de ces statuts, Jean-Pierre Raffarin a évité de s’engager tout en se disant très intéressé par le résultat des travaux… si « de telles commissions venaient à être créées ». Une école nationale de formation aux technologies du jeu vidéo a plus de chance de voir le jour même si, là aussi, le Premier ministre ne s’engage pas formellement. Sans fixer de lieu précis, cette école européenne pourrait voir le jour à travers la coopération entre Poitiers, Angoulême (région Poitou-Charentes) et Valenciennes (Nord Pas-De-Calais), très actives dans le domaine du multimédia. Là encore, une mission de réflexion et de préfiguration sera confiée à un expert qui remettra ses propositions avant la fin de l’année. Enfin, Jean-Pierre Raffarin est tout à fait favorable à la dernière proposition de l’Apom qui envisage d’organiser un festival européen de la création vidéoludique. Idée qui, selon lui, « ne peut que résulter d’une initiative privée ».

« Nous sommes globalement satisfaits des réponses du Premier Ministre à nos propositions. Cela constitue une reconnaissance importante de la création française dans notre domaine », a déclaré Antoine Villette, président de l’Apom qui, bien évidemment, va poursuivre son combat, notamment sur les points plus ou moins éludés par le Premier ministre. « De très nombreux chantiers ? juridiques et sociaux notamment ? restent ouverts pour permettre le développement durable de l’industrie des loisirs électroniques en France, nous allons donc redoubler d’efforts. »

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