L’industrie française du logiciel connaît des « zones de fragilité »
Selon Syntec Informatique, la situation des 2500 éditeurs devient délicate sur fond d’éclatement et de consolidation du marché.
La France compte « 2500 sociétés éditrices de logiciels à capitaux français », d’après une étude menée par les cabinets CXP et IDC pour le compte de Syntec Informatique, la chambre syndicale des SSII. Les auteurs de ce rapport, intitulé Cartographie éclairante des éditeurs de logiciels français, estiment que l’industrie française du logiciel emploie 60 000 salariés dans l’Hexagone et près de 8000 à l’international, pour un chiffre d’affaires 2005 évalué à 7,2 milliards d’euros dans le monde. Ils estiment en outre que « son impact sur l’économie de l’informatique française reste fondamental en termes de services induits, d’effets sur l’emploi et de croissance. » Entre 1995 et 2005, les dépenses nationales en logiciels ont augmenté deux fois plus vite que les dépenses en matériel (116% de croissance contre 51%). Actuellement, les éditeurs français engrangeraient environ 30% du chiffre d’affaires global réalisé sur leur marché domestique.
Toujours selon IDC et CXP, les éditeurs les plus rentables jouissent d’une vraie capacité d’innovation, de belles références clients et ils consentent des efforts conséquents en matière de R&D. Parmi les leaders nationaux, on notera la présence de Business Objects, dans le décisionnel, de Dassault Systèmes, dans la gestion du cycle de vie des produits et la conception assistée par ordinateur ou encore de GL Trade, dans les applications dédiées au secteur financier.
Une industrie très fragmentée
Pourtant, la France ne compte pas suffisamment de grands éditeurs internationaux, à l’instar d’autres pays européens mais à l’exception de l’Allemagne, avec SAP. Aucun éditeur français ne figure dans la liste des vingt leaders mondiaux. On apprend dans cette étude qu’une trentaine d’éditeurs réalise un chiffre d’affaires de plus de 50 millions d’euros en logiciels et services associés. Ils sont moins dune centaine à enregistrer un chiffre d’affaires supérieur à 10 millions d’euros. 80% des entreprises nationales sont des très petites entreprises réalisant un CA annuel de moins d’un million deuros.
Le pays compte néanmoins un certain nombre de « gazelles », du nom de ces sociétés à la croissance et à la capacité à créer des emplois supérieures à la moyenne. C’est le cas de 152 sociétés, parmi 605 éditeurs interrogés. Les trois quarts d’entre elles, qui ont pour la plupart été créées depuis 2000, emploient moins d’une vingtaine de salariés et 42% réalisent un chiffre d’affaires supérieur à un million d’euros.
Quelques zones de fragilité
L’éclatement du marché français de l’édition logicielle suscite aujourd’hui quelques inquiétudes. En effet, « l’industrie mondiale du logiciel va traverser une période de fortes turbulences, induite par un phénomène de concentration croissante qui émerge rapidement », prédisent les auteurs de cette étude. « Structurée autour d’acteurs de taille moyenne ou petite, l’industrie française du logiciel apparaît très exposée à ce phénomène de concentration ».
Face à cette tendance à la consolidation, les éditeurs nationaux seront soit amenés à « tenter leur chance de manière indépendante » ou à entrer en partenariat avec « des sociétés majeures du secteur des technologies de l’information et profiter ainsi de l’effet d’entraînement qu’elles produisent ».