L’infaillibilité du Net remise en question
La destruction simulée de certains noeuds d’Internet révèle que, le cas échéant, le Réseau ne serait plus accessible de certaines régions. C’est ce qu’affirme une étude américaine qui s’inquiète des conséquences économiques d’une telle catastrophe. L’idée de l’infaillibilité du Net, imaginée dans les années 60 par l’armée américaine, a donc vécu.
En cas de dysfonctionnement ou de destruction physique de certains noeuds d’Internet, les conséquences pourraient être catastrophiques économiquement. C’est ce qui ressort d’une étude dirigée par la revue américaine Telematics and Informatics (dont le site Science Direct publie un résumé) qui doit paraître en février 2003 (en attendant, on peut l’acheter en ligne).
Les auteurs de l’étude ont simulé la destruction de points centraux du Réseau ? suite à des catastrophes naturelles ou des attaques d’origine humaine ? pour en analyser les conséquences. Il en ressort que, dans les grandes villes, Internet continuerait de fonctionner… au détriment des régions et des villes de moins grande importance, faute de liaisons redondantes.
Une architecture décentralisée et distribuée
Voilà qui remet en cause la sécurité même d’Internet, basé sur le principe d’une architecture décentralisée et distribuée. Dans les années 60, quand l’armée américaine lance le projet Arpanet, c’est dans l’objectif que le réseau résiste à de nombreuses formes de destruction, y compris nucléaires. Si un noeud devenait invalide, le trafic était assuré par les autres noeuds qui continuaient à communiquer entre eux.
Sauf que, depuis Arpanet, Internet est né avec sa cohorte de services commerciaux, professionnels et grand public, et sa logique de rentabilité. Si bien que les principales infrastructures se sont concentrées dans les métropoles et leur gestion n’est assurée que par un petit nombre d’organisations. La destruction d’un centre névralgique risquerait donc finalement de priver toute une région de ce moyen de communication, ce qui pourrait avoir des conséquences économiques dramatiques. « Avec ces milliers d’entreprises, de corporations, d’universités qui utilisent Internet quotidiennement, un disfonctionnement majeur du service pourrait être économiquement catastrophique », notent les auteurs du rapport qui semblent plus s’intéresser à l’aspect économique du problème qu’aux enjeux techniques. D’ailleurs, le rapport s’intitule A geographic perspective on commercial Internet survivability (Une perspective géographique sur la capacité de survie de l’Internet commercial).