Rendre discrète et moins intrusive l’informatique dans notre environnement, voilà l’une des ambitions des ingénieurs du MIT. Lesquels s’en donnent les moyens. Dans le cadre d’un projet nommé Oxygen, plusieurs industriels ont accepté de verser un total de 50 millions de dollars sur cinq ans pour faire naître les prototypes de nouveaux organiseurs, PC et autres machines ou protocoles communiquant de façon transparente. Début juin, HP s’est engagé à apporter la bagatelle de 25 millions de dollars sur toute la durée du projet. On retrouve d’autres ténors parmi les donateurs, comme Nokia, Philips ou le constructeur Acer.
Les travaux du MIT partent d’un constat : l’utilisation de l’ordinateur implique trop de contraintes techniques ou ergonomiques, comme rester assis devant l’écran et utiliser un clavier. Pourtant, l’humain est mobile. Le projet s’intéresse donc aux moyens de rendre l’informatique accessible aux nomades, par exemple en la fondant dans les murs des habitations et en améliorant la communication entre les objets. Autre condition, les pannes, les problèmes de configuration ou les mises à jour des systèmes d’information doivent être invisibles pour l’utilisateur.
Le MIT s’appuiera principalement sur la reconnaissance vocale, par exemple, pour commander à un PC distant l’envoi d’un courrier électronique. Un réseau, appelé pour l’instant N21, servira de support d’échange à la plupart des données entre les organiseurs de poche, le PC ou la télévision, le téléphone mobile, etc. Concernant l’habitation, les chercheurs imaginent une extension des progrès liés à la domotique, par exemple à l’aide de caméras dotée d’intelligence artificielle pour la reconnaissance de forme. Histoire de pouvoir demander à son mur, truffé de microphones, quel est le dernier endroit où l’on a égaré ses lunettes. Sur le site du MIT, on explique que les logiciels de détection du mouvement pourront sonner l’alerte? si un bébé chute ou fait tomber un objet.
Ces idées ne sont pas si éloignées d’une expérimentation déjà réalisée par le professeur de cybernétique britannique Kevin Warwick. Durant quelques heures (à cause des risques d’infection), ce chercheur audacieux a conservé en lui une puce électronique, implantée dans l’avant-bras. Cet émetteur lui permettait d’être détecté par des capteurs durant ses allées et venues dans les locaux de l’université de Reading. Plus fort encore, la puce d’une capacité de quelques bits était capable de communiquer son nom et sa date de naissance. Et d’expliquer qu’à l’heure du lever par exemple, une machine à café aurait pu instantanément repérer son arrivée pour enclencher un programme personnalisé.
Si les « progrès » techniques sont défendables, les chercheurs du MIT oublient un peu vite qu’ils créent un univers impitoyable pour les libertés individuelles. Equipez-vous de microphones au mur, de caméras au plafond et de puces plein la poche, et voilà planté un décor digne de 1984 de George Orwell.
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