N’importe où, n’importe quand et à partir de n’importe quel terminal. L’Internet de demain sera beaucoup plus accessible et simple à utiliser qu’aujourd’hui. De l’infinité d’adresses IP qu’apportera le protocole IPv6 à la généralisation des points de connexion mobile en passant par les objets communicants, nombre d’acteurs se positionnent sur ce réseau Internet de nouvelle génération dont on peut espérer qu’il s’inscrira de manière invisible et immédiate dans notre quotidien comme avec l’électricité aujourd’hui.
Encore faudra-t-il concevoir un réseau fiable et capable de soutenir l’ensemble des services qui y seront déployés. Un réseau auto-géré où l’intervention de l’homme devra être la plus discrète possible. Ce qui implique la capacité à supporter différents protocoles, présents ou à venir, d’accueillir n’importe quel type de terminal, de négocier la distribution de services, de détecter ses vulnérabilités et de s’auto-réparer, de garantir une qualité de service minimale… tout en limitant les coûts opérationnels. En d’autres termes, un réseau qui s’adapte aux besoins et usages de l’utilisateur (individu ou entreprise) et non l’inverse.
Il est temps de passer au réseau 2.0
Le réseau sera aussi, et surtout, un réseau dédié aux futurs usages : réseaux spontanés autour d’un événement, convergence des services, support multi-opérateurs, échanges d’informations entre objets communicants (notamment dans le domaine de la sécurité routière où véhicule et infrastructure routière communiqueront pour prévenir les accidents) et tous les usages nouveaux qui ne manqueront pas d’émerger.
C’est tout l’enjeu du partenariat signé, en décembre 2007, entre l’Inria (Institut national de recherche en informatique et automatique) et l’équipementier Alcatel-Lucent. Le fruit de cet accord se concrétise sous la forme d’un laboratoire commun inauguré aujourd’hui en présence, notamment, d’Eric Besson, secrétaire d’Etat chargé de la prospective, de l’évaluation des politiques publiques et du développement de l’économie numérique auprès du Premier ministre.
« Après le Web 2.0, il est temps de passer au réseau 2.0« , a résumé dans son style très imagé le Monsieur Internet du gouvernement. Pour construire ce réseau de nouvelle génération, les équipes de l’Inria et d’Alcatel-Lucent plancheront ensemble pendant 5 ans (au minimum), sous la direction d’Olivier Audouin, pour l’équipementier, et d’Albert Benveniste, pour l’organisme public de recherche. Le premier aura en charge les opérations du laboratoire commun, le second assurera sa direction scientifique. Un binôme qui s’appliquera pour chaque action de recherche.
Trois grands axes de développement
A la tête d’une équipe de 50 scientifiques (dont 16 jeunes chercheurs recrutés pour l’occasion), les deux hommes travaillerons sur de nombreuses thématiques à travers trois grands axes de développement : la notion de réseau autogéré (« Il faut que le réseau apprennent à se débrouiller tout seul« , schématise Olivier Audouin); l’optimisation des réseaux sans fil (« L’idée est de réutiliser les ressources spatiales« , avance Albert Benveniste); et le développement d’un réseau sémantique (à travers le traitement dynamique des paquets et des flux de données qui permettront de dégager une connaissance du trafic et d’organiser son autogestion en conséquence).
Si, pour l’heure, les deux partenaires « R&D télécoms » se gardent d’annoncer des objectifs précis en matière de résultats, ceux-là se concrétiseront à travers le dépôt de brevets. « Nous visons l’excellence avec la publication de brevets« , souligne Olivier Audouin. « Dans une des actions de recherche, un plan de lancement pour un brevet [est en cours]« , laisse entendre Albert Benveniste.
« Ce laboratoire commun constitue à lui seul un démenti à ceux qui affirme que la France n’a pas d’avenir dans les télécoms« , a conclu Eric Besson, « la recherche et l’innovation constituent l’insertion de la France dans la compétition mondiale. » Et « l’objectif de faire de la France une grande nation numérique« , dont les actuelles Assises du numériques tentent d’en définir le cadre, passera notamment par la construction de ce réseau de nouvelle génération. Autrement dit, le laboratoire commun n’a pas droit à l’erreur.
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