Une récente étude réalisée par le cabinet américain ZapThink prédit un grand avenir au marché des plates-formes d’intégration de processus métiers bâtis sur les standards des services Web et XML. Il l’évalue à 120 millions de dollars actuellement et prévoit qu’il atteindra 8,3 milliards de dollars d’ici cinq ans. Ce sont souvent des start-up qui sont positionnées sur ce créneau telles que Capeclear, Bowstreet ou encore Sonic Software qui va prochainement créer une filiale en France, mais on compte également des éditeurs plus connus comme Iona ou Software AG. Les uns et les autres apportent une vision renouvelée de l’intégration applicative reposant sur la notion de couplage lâche, laquelle exploite l’architecture distribuée définie par les services Web pour relier entre eux les modules applicatifs intervenant dans un processus métier, par exemple la gestion d’une commande. Cette approche tend à se substituer aux solutions classiques : l’interface logiciel codé « en dur » qui pose le problème de la maintenance des interfaces puisqu’elles réclament d’être révisées lors de toute modification ou simple changement de version d’un des modules ; ou le déploiement d’une plate-forme d’EAI (Enterprise Application Integration). Celles-ci proposent en effet un large éventail de connecteurs applicatifs qui, comme leur nom l’indique, facilitent le dialogue interapplicatif.
Standardisation = banalisation de l’offre
Selon le principe des vases communicants, le succès de la nouvelle approche de l’intégration a toutes les chances de se faire au détriment de l’ancienne. Conséquence : la survie des éditeurs de plates-formes d’EAI est menacée à brève échéance ? deux ans, annonce ZapThink – s’ils se cantonnent à la seule connexion. Ils doivent donc réorienter leur offre autour de l’intégration de processus. Et même s’ils opèrent cette mutation ? et il faut bien reconnaître que la plupart s’y attellent (voir édition du 18 mars 2003) ? ils seront en outre confrontés à une guerre des prix consécutive à l’émergence de ces nouveaux outils nativement conçus autour de standards.
Cela dit, la pérennité de ces derniers n’est pas garantie, loin s’en faut. En effet, les start-up qui les développent différencient souvent leur offre en apportant des solutions de leur cru, propriétaires donc, aux lacunes techniques des services Web, comme leur sécurisation ou leur administration. Que feront-elles lorsque le processus de standardisation aura comblé ces lacunes ? Si l’on a pu croire un moment que ce dernier allait s’enrayer, la décision récente d’IBM, de Microsoft et de BEA Systems de soumettre leur spécification relative à l’orchestration des services Web à l’OASIS (Organization for the advancement of structured information standards), l’a clairement relancé (voir édition du 16 avril 2003). Sur ce point ? l’orchestration des services Web ? ZapThink parie sur l’émergence effective d’un standard unanimement accepté.
Du coup, ce sont tous ces éditeurs, les anciens comme les modernes, qui sont guettés par un phénomène de banalisation de leurs produits et donc leur dévalorisation. En résumé, ils ont tous, dès à présent, à réfléchir sur ce que sera à terme leur proposition de valeur.
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