L’Internet gratuit explose en France
En moins d’une semaine, cinq grands groupes ont dévoilé une offre d’accès Internet gratuite sans abonnement sur le modèle du britannique Freeserve. Fort similaires, elles remettent largement en cause les abonnements payants des grands fournisseurs, à commencer par Wanadoo, le service en ligne de France Télécom, actuellement numéro un.
L’Internet gratuit débarque en force dans l’Hexagone. Un petit mois après l’annonce de World Online(voir édition du 2 avril 1999), les offres d’accès sans abonnement -où l’internaute ne paye plus que les communications téléphoniques locales- se multiplient à un rythme étourdissant.
En quelques jours, cinq nouveaux fournisseurs d’accès ont dévoilé les modalités de leur offre. Tous tentent d’imiter le modèle lancé par Freeserve en Grande-Bretagne (voir édition du 3 mars 1999) où le fournisseur est passé devant le numéro un en seulement six mois d’activités avec 1,5 millions d’abonnés. Aujourd’hui, une trentaine de sociétés ont suivi son exemple et proposent un accès gratuit en Grande-Bretagne.
En France, le scénario se reproduit sensiblement à l’identique à cette différence près qu’une multitude de concurrents se lancent d’emblée dans l’aventure.
Le fournisseur d’accès Infonie, par l’intermédiaire de son portail Lokace, a ouvert le feu ce week-end en annonçant Lokace-Online(voir édition du 26 avril 1999). Réservé aux 250000 premiers internautes qui en feront la demande dans la région Ile-de-France, son offre n’est valable qu’un an. Le programme de configuration doit être téléchargé sur Internet et n’est disponible pour l’instant que sur Windows (95, 98 et NT).
Autre venu sur le marché de l’Internet gratuit, le groupe Iliad, spécialiste français des services télématiques (notamment 3617 Annu) lance free.fr. L’offre est pour l’instant accessible à 65% de la population (grandes agglomérations) mais le groupe promet un numéro d’accès national dès septembre prochain. L’inscription peut s’effectuer sur Internet ou sur Minitel via le 3614 Free.
Venu de Grande-Bretagne, Freesurf propose en toute discrétion oec’est le moins qu’on puisse dire- depuis le 19 avril un accès gratuit accessible en région parisienne. Le nombre d’abonnés n’est pas limité.
Du côté de la grande distribution, les magasins Darty vont commercialiser dès ce week-end une offre baptisée LibertySurf financée par leur maison mère, le géant britannique Kingfisher qui s’est associé pour l’occasion avec le groupe français Bernard Arnault (LVMH). Le nouveau fournisseur qui dispose d’une stature financière impressionnante ouvrira son accès national au plus tard le 8 mai prochain.
Enfin en partenariat avec l’opérateur alternatif Internet Télécom, le groupe de presse hollandais VNU dont la filiale française édite les magazines informatiques SVM, SVM Mac, SVM Achat et Network News lance un accès gratuit baptisé VNUNet.fr. Accessible dans les grandes agglomérations, il permet à 65% de la population de s’abonner et devrait offrir dans un futur proche une couverture locale partout en France.
Concernant la qualité des connexions, tous les fournisseurs proposent en standard une connexion RTC (téléphone classique) à 56 Kbps. Les abonnés au service Numéris de France Télécom peuvent également bénéficier d’une connexion à 64 Kbps voire plus (Freesurf propose jusqu’à 256 Kbps). A noter, Free.fr et LibertySurf se distinguent avec des services d’hébergements de pages personnelles qui proposent respectivement 25 et 20 Mo.
Le modèle économique de ces offres repose sur plusieurs sources de revenus qui sont diversement combinées en fonction des fournisseurs. La première s’appuie sur le coût des communications téléphoniques. France Télécom qui intervient toujours au niveau local est obligé de reverser une partie de ses revenus à l’opérateur alternatif qui assure la connexion Internet. Cet opérateur alternatif reverse à son tour de l’argent au fournisseur d’accès qui gère les sites Internet et les services en ligne associés.
Avec une forte audience, les fournisseurs d’accès peuvent aussi espérer augmenter leurs revenus publicitaires sur leur site portail qui est une porte d’entrée incontournable pour se connecter. Enfin, certains sites ont mis en place des hot-line payantes à 1 ou 2 francs la minute.
Même si la rentabilité à long terme n’est pas garantie pour les fournisseurs oece qui explique certaines offres limitées dans le temps-, l’Internet gratuit devrait avoir au moins le mérite d’inciter les gens à se connecter. D’après la dernière étude de Médiamétrie, seulement 3,7 millions de français se seraient connectés au moins une fois à Internet en 1998 (voir édition du 5 février 1999).
Le nouveau modèle économique devrait aussi remettre en cause les services payants des grands fournisseurs. Dès lundi, France Télécom dont la filiale Wanadoo est actuellement numéro un en France avec plus de 650000 abonnés a réagi à l’arrivée des offres d’accès gratuites. Le coût de l’abonnement à Wanadoo est tombé à 45 francs par mois contre 95 francs auparavant. Il y a fort à parier que AOL France et Club Internet, respectivement deuxième et troisième, réagissent à leur tour dans les jours à venir.
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