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Linux en pleine effervescence

Le système d’exploitation libre est à l’honneur avec le lancement simultané des expositions LinuxWorld à New York et LinuxExpo à Paris, du 2 au 4 février 2000. Encore souvent critiqué pour son manque d’applications, Linux devrait profiter sur les stands d’un soutien affiché de la part des constructeurs et éditeurs du monde informatique. Plusieurs d’entre eux ont d’ailleurs pris les devants pour présenter leur nouvelle offre, service ou matériel dédiée à l’Unix libre.

Le spécialiste des serveurs et des stations de travail SGI signale par exemple le lancement de deux nouveaux serveurs dotés de Red Hat Linux 6.1. Equipé d’un ou deux processeurs Pentium III, le serveur SGI 1200 accepte jusqu’à 2 Go de mémoire vive et quatre disques durs SCSI. Compact, il peut être installé en rack et se vend en configuration d’entrée de gamme à 4 600 dollars (environ 30 000 francs). Encore peu présent sur le marché Linux, le constructeur présente aussi une configuration très haut de gamme (128 000 dollars) qui exploite la mise en grappe (clustering) de 16 serveurs SGI 1200. Dans le domaine des services, le constructeur annonce des cycles de formation pour la programmation ou l’administration de systèmes sous Linux. Son support technique couvre la plupart des distributions majeures (Red Hat, Turbo Linux, SuSE, Mandrake, Debian et Caldera).

Du côté des stations graphiques professionnelles, SGI met en lumière la prochaine intégration de cartes d’accélération pour systèmes Linux supportant le standard OpenGL 1.2. Encore aujourd’hui, le manque de périphériques ou de pilotes optimisés pour Linux représente un vrai défaut de l’OS libre, même si les développeurs font preuve de célérité. Certains fabricants de périphériques ont pendant longtemps fait la fine bouche, préférant concentrer leurs efforts de développement sur des environnements logiciels plus répandus. On notera que SGI développera sa solution matérielle en partenariat avec VA Linux et surtout le constructeur nVidia, dont la réputation n’est plus à faire dans le domaine de l’accélération 3D.

D’autres partenariats feront l’actualité du salon LinuxWorld. Computer Associates et Red Hat viennent de signer un accord commercial non exclusif qui renforce là encore l’offre de services disponibles pour l’Unix libre. Red Hat commercialisera les outils d’administration (solution de stockage ARCserveIT, antivirus InoculateIT, administration Web MasterIT et centralisée NetworkIT) de son partenaire. Ce dernier renverra l’ascenseur en dirigeant ses clients vers les services de support TNG Unicenter proposés par l’éditeur au chapeau rouge.

Cette initiative comblera une véritable absence sur le marché des logiciels d’administration. « C’est l’un des points les plus faibles de Linux », considère George Weiss, consultant pour le Gartner Group. « Le vide existant est en train d’être comblé. Et il aide Red Hat de manière significative en faisant de sa distribution Linux celle vers laquelle les grands éditeurs se tournent », complète-t-il. Ayant décidément le vent en poupe, Red Hat prépare le lancement d’un environnement de développement Linux pour les applications légères, dédiées aux boîtiers Internet et autres assistants numériques de poche.

Le gotha des éditeurs Linux n’est pas en reste. Ainsi, le spécialiste du haut de gamme TurboLinux doit aussi dévoiler des outils de clustering pour supercalculateurs. Cet éditeur vient de signer la semaine dernière des accords de licences avec IBM, lequel ouvre tous ses clients légers à l’Unix libre.

Plus précisément, Big Blue proposera aux entreprises les versions Linux de ses clients légers Network Stations Series 2200 et 2800. Ils agrandissent la famille de produits certifiés pour Linux (portatif ThinkPad, PC de bureau PC 300, Intellistation et serveurs Netfinity). L’analyste du Gartner Group se demande toutefois s’il n’est pas encore trop tôt pour sonner l’arrivée de Linux sur le bureau. Peut-être sa gratuité l’aidera-t-elle, comme l’espère Corel en diffusant la préversion de la suite bureautique WordPerfect Office 2000. « Cela peut marcher dans des secteurs très sensibilisés aux budgets, comme les gouvernements et les services de justice », considère George Weiss.

Des propos qui répondent comme en écho à l’initiative des trois sénateurs français Pierre Laffite, Guy-Pierre Cabanel et René Trégouët. Le mois dernier, ces membres de l’opposition ont publié la nouvelle mouture d’un projet de loi qui prévoit d’imposer à partir du 1er janvier 2002 le logiciel libre dans l’administration française (voir édition du 7 janvier 2000). Avec à la clé, des économies chiffrées en millions de francs et une plus forte indépendance face aux éditeurs de logiciels propriétaires.

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