Le PC a déjà vingt ans et Linux en a bientôt dix. C’est en effet le 25 août 1991 que Linus Torvalds, alors jeune étudiant finlandais de vingt-et-un ans, envoyait un message sur un forum de discussion dédié au système d’exploitation Minix, un dérivé d’Unix. « Je travaille sur un système d’exploitation (gratuit, c’est juste un passe-temps, ça ne sera jamais aussi important et professionnel que GNU) pour les clones AT 386(486). Cela mûrit depuis avril et ça commence à prendre forme. J’aimerais avoir votre avis sur ce que vous aimez/n’aimez pas dans Minix, puisque mon OS lui ressemble », rapporte le début du courrier. Un mois plus tard, Linus Torvalds publiait la version 0.01 du noyau de ce qui allait devenir Linux, qui en est aujourd’hui à la version 2.4.
Un système personnalisable
Cette version était loin d’être complète et aussi riche en fonctionnalités que les autres OS. Mais elle offrait une possibilité inédite qui allait vite populariser l’application : celle de pouvoir personnaliser le système selon ses besoins propres. En modifiant les sources du programme (lequel est livré sous la licence Open source) et en recompilant tout simplement le noyau. Le fait de ne plus se sentir pris en otage par un système propriétaire, que certains jugent coûteux, séduit de plus en plus d’administrateurs réseau et de développeurs. En début d’année, le cabinet d’études IDC estimait à 24 % les serveurs Web tournant sous Linux (voir édition du 30 janvier 2001) contre 41 % pour les produits Microsoft. Linux n’a pas seulement révolutionné les esprits, il a généré une véritable économie. On ne compte plus le nombre d’entreprises qui ce sont créées autour de la distribution du noyau et des services afférents.
A commencer par Robert Young qui, dès 1995, a fondé Red Hat, première distribution mondiale aujourd’hui. Le jour de son introduction en bourse, la valeur initiale de l’action VA Linux a augmenté de près de 700 %, montrant ainsi l’intérêt des investisseurs pour cet OS dissident… même si l’engouement a perdu de sa vitalité aujourd’hui où l’action stagne environ à 2 dollars. Plus récemment, le français Mandrake, créateur de la distribution la plus vendue après Red Hat, a fait son introduction en bourse. Même les « grands » s’y intéressent de près. A commencer par IBM qui investit 1 milliard de dollars cette année afin de faciliter le développement de ses logiciels et matériels sous Linux (voir édition du 13 décembre 2000). Mais la plus grande victoire du logiciel libre sur les applications propriétaires vient de Microsoft en personne. Après avoir longtemps et durement critiqué le modèle Open source (voir notamment les éditions du 11 octobre 1999 et du 13 septembre 2000), Microsoft aborde le système libre, notamment en ouvrant sa solution .Net aux ordinateurs sous Linux (voir éditions du 17 juillet 2001 et du 13 mars 2001). Bref, aujourd’hui Linux est à la fois craint et pris au sérieux. Une belle preuve de réussite.
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